Les jours à venir seront cruciaux pour l'éventuelle conclusion d'une trêve entre Israël et les différentes factions palestiniennes de Gaza. Le gouvernement de Ehoud Olmert envisage toujours de répondre positivement à la tentative de médiation égyptienne, moyennant l'obtention de sérieuses garanties du Hamas. Au Proche-Orient, tous les regards sont actuellement fixés sur le chef des services de sécurité égyptiens, le général Omar Soleiman. Depuis des semaines, il négocie avec le Hamas et avec Israël la conclusion d'une trêve, une tahadiyeh, censée instaurer un fragile cessez-le-feu à la frontière entre Israël et la bande de Gaza. Ses efforts paraissaient être sur le point d'aboutir lorsque la reprise des tirs de roquettes Kassam et Grad sur le Néguev occidental, avec notamment le bombardement d'un centre commercial d'Ashkélon, a provoqué un net raidissement de la position israélienne. Différents responsables des échelons politique et militaire ont laissé entendre que ces tirs rendaient inéluctable le déclenchement par l'armée israélienne, dans un avenir proche, d'une opération terrestre d'envergure à Gaza, seul moyen de garantir la sécurité des habitants du sud d'Israël. L'armée a ainsi laissé entendre que le chef d'état-major, le général Gaby Ashkenazi, avait, au vu des derniers développements, changé radicalement d'avis. Hostile jusque-là à une offensive particulièrement coûteuse en vies humaines, il y serait désormais favorable sur la base des informations que lui aurait transmises le chef des renseignements militaires israéliens, le général Amos Yadlin. Profondément affaibli par un nouveau scandale politico-financier dans lequel il est impliqué, le Premier ministre Ehoud Olmert a lui-même envisagé l'interruption de la politique de retenue de son gouvernement et affirmé que le moment était venu de passer à une autre étape. Ces déclarations auraient dû signer la fin des efforts déployés par le général Omar Soleiman. C'est tout le contraire qui semble se produire. Elles ne semblent en effet avoir eu pour but que de donner des gages à une opinion publique israélienne passablement désorientée par l'inaction et l'impuissance de Tsahal. Les va-t-en guerre l'ont provisoirement rassurée. En coulisses, les choses sont plus complexes. Les discussions entre les Israéliens et les Egyptiens n'ont pas été interrompues, loin de là. Elles ont même pris une importance accrue avec les rencontres qu'a eues, à Sharm el Sheikh le président égyptien Hosni Moubarak avec les ministres israéliens de la Défense et des Affaires étrangères Ehoud Barak et Tsippi Livni. Tenus dans le cadre du Forum économique organisé, en présence des présidents américain, égyptien et palestinien, et du roi Abdallah II de Jordanie dans la capitale du Sinaï, ces entretiens ont porté essentiellement sur la conclusion de la trêve à Gaza. Le raïs égyptien a confirmé à ses interlocuteurs que le général Omar Soleiman avait mis en garde les responsables du Hamas et qu'il les a mis en garde contre leur intransigeance. Si aucun progrès n'était fait dans le dossier Gilad Shalit, le militaire israélien retenu prisonnier depuis le 25 juin 2006, Israël n'aurait, selon lui, d'autre choix que de déclencher une opération terrestre d'envergure à Gaza. L'avertissement aurait été entendu et Hosni Moubarak a pu annoncer à Ehoud Barak et Tsippi Livni que le Hamas était disposé à assouplir sa position et à reprendre les discussions sur la libération de Gilad Shalit, satisfaisant ainsi la condition mise par Israël à la conclusion d'une tahadiyeh analogue à celle adoptée à l'automne 2 006. Une trêve au demeurant ouvertement réclamée par plusieurs anciens hauts responsables sécuritaires et militaires israéliens. Ceux-ci ont adressé une lettre ouverte au Premier ministre Ehoud Olmert dans laquelle ils lui demandaient de redoubler d'efforts afin de parvenir à un accord avec le Hamas. Parmi les signataires de ce document figurent l'ancien chef du Mossad Ephraïm Halévy, l'ancien chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Amnon Lipkin Shahak, ainsi que l'ex- commandant de la région sud, le général Shmuel Zakaï. Tout porte donc à croire que les négociations menées par Omar Soleiman devraient prochainement aboutir, le Hamas et Israël ayant tous deux intérêt, pour des raisons radicalement opposées, à un retour au calme. Pour le mouvement de Khaled Mechaal, c'est le seul moyen d'obtenir des Egyptiens la réouverture du point de passage de Rafah, vital pour l'approvisionnement de Gaza. Pour Ehoud Olmert, un succès diplomatique constituerait un répit bienvenu et couperait l'herbe sous le pied de l'opposition, en particulier le Likoud, dont le bellicisme est loin d'être partagé par les habitants du Néguev qui aspirent à retrouver le calme et la sécurité.