La Syrie a confirmé l'information selon laquelle le Premier ministre israélien Ehoud Olmert aurait accepté de rouvrir des discussions de paix avec Damas et de rendre, à leur issue, le plateau du Golan occupé depuis 1967. Cette perspective était au cœur des entretiens qu'a eus le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avec Bachar al Assad. Voilà plusieurs mois que le Premier ministre israélien Ehoud Olmert et le président syrien Bachar al Assad échangent des messages grâce à la médiation du chef du gouvernement turc, Recep Tayyip Erdogan, qui entretient de bonnes relations avec les deux hommes. Ce discret canal de négociations a été confirmé en fin de semaine dernière par le raïs syrien. Celui-ci, dans une interview au quotidien koweïti al Watan, a même affirmé qu'Ehoud Olmert s'était engagé, en cas de succès des discussions israélo-syriennes, à restituer à la Syrie le plateau du Golan occupé depuis 1967 et annexé unilatéralement par Israël en 1981. Certes, Bachar al Assad se montre prudent et estime ainsi que les discussions entre son pays et Israël ne pourront véritablement commencer qu'une fois George Bush parti de la Maison-Blanche. Car le chef de l'Exécutif américain considère toujours la Syrie comme faisant partie de « l'axe du mal » et entend la punir pour avoir eu recours à la Corée du Nord afin de se doter de l'énergie nucléaire. Ce n'est pas le fruit du hasard si les progrès enregistrés dans les contacts israélo-syriens ont été simultanés avec l'audition par une Commission du Sénat américain d'officiels américains, civils et militaires. Pour les Israéliens, cette audition n'était pas la bienvenue. Ceux-ci craignent que des révélations fracassantes sur le raid du 6 septembre dernier contre la centrale nucléaire syrienne de Der Es Zohr ne soient utilisées par Damas comme prétexte à un déclenchement d'une opération de représailles. De surcroît, les déclarations de Bachar al Assad ont placé dans l'embarras Ehoud Olmert. Le projet d'une restitution du plateau du Golan à la Syrie provoque en effet de violents remous au sein de l'opinion publique israélienne et de la classe politique. Les responsables des implantations juives du Golan ont tenu une réunion, réaffirmant avec exagération que le Golan appartenait au «peuple israélien et que celui-ci ne s'en laisserait pas déposséder». C'est pourquoi un sondage montre que 56% des Israéliens se déclarent opposés pour l'instant à un retrait partiel ou total du Golan. Si ce projet venait en discussion à la Knesset, il serait combattu par environ 70 députés, dont, sans nul doute, des députés travaillistes. Car l'initiative prêtée à Ehoud Olmert a provoqué la colère du chef du Parti travailliste, le ministre de la Défense Ehoud Barak, qui avait jadis échoué dans sa tentative de rapprochement avec la Syrie en 1999. L'Autorité palestinienne elle-même est inquiète des discussions indirectes menées par Israël et la Syrie grâce à la médiation turque. Elle y voit une tentative à la fois des Israéliens et des Syriens de torpiller le processus de paix d'Annapolis. Les contacts entre le Hamas et l'Egypte en vue de la conclusion d'une houdna, d'une trêve de dix ans, entre Israël et les différentes factions palestiniennes de Gaza, ont renforcé ce sentiment. Il est vrai que le Hamas, ensuite, n'a plus évoqué qu'une « tahadiyeh » de six mois qui lui permettrait de se réarmer. Israël a rejeté les deux types de trêve au motif que le Hamas persiste à refuser de reconnaître son existence sans que le mouvement de Khaled Mechaal n'en paraisse affecté, l'un de ses dirigeants affirmant : «Nous n'avons pas peur de la mort. Nous serons donc victorieux». Pour certains observateurs, Israël veut avant tout isoler l'Iran, dont le programme nucléaire constitue la principales menace pour sa sécurité . Voilà pourquoi il est prêt à détacher Damas de Téhéran en lui offrant le plateau du Golan. Une vision qui s'inscrit dans les nouvelles ambitions géopolitiques nourries par la Turquie héritière de l'Empire ottoman et bien décidée à reprendre son rôle dans la région comme le montre la visite éclair de Recep Tayyip Erdogan à Damas.