A la veille de son départ de la présidence israélienne du Conseil, Ehoud Olmert multiplie les initiatives politiques et diplomatiques dans la perspective de la conclusion d'un accord aussi bien avec l'Autorité palestinienne que la Syrie. Dans ces deux dossiers, les discussions semblent avoir progressé. Alors que le conseiller juridique du gouvernement israélien, Menny Mazuz, s'apprête, selon toute vraisemblance, à mettre en examen pour corruption Ehoud Olmert, le chef du gouvernement semble redoubler d'efforts pour parvenir à un règlement pacifique du conflit israélo-arabe avec le soutien affiché d'une partie de la communauté internationale. C'est sous cet angle qu'il faut envisager la visite, soigneusement médiatisée, de Nicolas Sarkozy à Damas et la participation du président français à un sommet quadripartite réunissant la France, le Qatar, la Turquie et la Syrie. Au menu des discussions, les actuelles négociations indirectes israélo-syriennes qui devraient reprendre prochainement, une fois éclaircie le statut juridique de l'un des conseillers diplomatiques d'Ehoud Olmert, Yoram Turbowicz, démissionnaire de ses autres fonctions à la présidence israélienne du Conseil. Selon des sources proches de l'Elysée, les négociations israélo-syriennes, qui pourraient bénéficier du parrainage de Paris et de Washington, seraient à ce point avancées que leur nouveau round traitera du tracé définitif des frontières entre les deux pays, un tracé impliquant la restitution à Damas du plateau du Golan occupé depuis 1967. La perspective d'un accord paraît si probable que la droite nationaliste israélienne s'efforce d'accélérer l'adoption par le Parlement, la Knesset, d'un projet de loi soumettant toute modification territoriale à une ratification préalable par un référendum d'initiative populaire, une pratique jusque-là inconnue en Israël. Dans le même temps, des indiscrétions émanant de journalistes israéliens généralement très bien informés laissent entendre que Palestiniens et Israéliens seraient tombés d'accord sur 98% des questions discutées par leurs délégations respectives. Les seuls points litigieux encore en suspens ne concerneraient pas, contrairement à ce que l'on pourrait croire, le statut futur de Jérusalem et la question du droit au retour des réfugiés. Sur ces deux points, un accord aurait été trouvé. Les quartiers de Jérusalem Est et de sa banlieue deviendraient, sous le nom d'Al Qods, la capitale du futur Etat palestinien et les réfugiés se verraient proposer un généreux système d'indemnisation par la communauté internationale en échange de leur renonciation à l'exercice de leur droit au retour ailleurs que dans l'Etat de Palestine. Ce n'est sans doute pas un hasard si le ministre de la Défense et chef du Parti travailliste israélien Ehoud Barak, pourtant très réticent vis-à-vis des initiatives diplomatiques d'Ehoud Olmert, a évoqué dans une interview à la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera son soutien à une partition de Jérusalem. Selon les observateurs précédemment mentionnés, les ultimes désaccords porteraient uniquement sur le nombre d'implantations juives en Cisjordanie qui seraient annexées par Israël en échange de la rétrocession à l'Autorité palestinienne d'une superficie équivalente prise sur le Néguev. Si les blocs de Maaleï Adoumim, Goush Etsion, Ariel et Kyriyat Arba font l'objet d'un quasi-consensus, tel n'est pas le cas pour certaines agglomérations situées dans la périphérie de Jérusalem et dont le maintien serait un obstacle à l'établissement d'une continuité territoriale du futur Etat palestinien. Les choses sont suffisamment avancées toutefois pour que le Premier ministre israélien ait décidé de soumettre à la discussion, sans vote, du projet de loi de son Vice-Premier ministre Haïm Ramon relatif aux compensations financières qui seraient accordées aux colons juifs acceptant de quitter volontairement la Cisjordanie. Rien ne permet d'affirmer que les efforts déployés par Ehoud Olmert déboucheront sur un résultat concret avant son départ du pouvoir. Mais le cadre semble être tracé pour que son successeur et, éventuellement, celui de Mahmoud Abbas, dont le mandat arrive à expiration fin 2 008, aient presque tous les outils en mains pour mettre enfin un terme à un conflit centenaire.