Non seulement l'ensemble de la presse a tenu à souligner le calvaire que vit Nicolas Sarkozy avec sa majorité avec des mots très durs, mais l'opposition en a fait un sanglant angle d'attaque pour affaiblir et discréditer davantage le président de la république. Il y a un exploit presque historique à mettre à l'actif de Nicolas Sarkozy. Comment perdre une bataille législative au sein de l'Assemblée nationale quand on dispose d'une confortable majorité. C'est ce qui vient d'arriver lorsque le gouvernement de François Fillon peine lourdement à faire adopter un texte qui fixe les modalités de l'installation d'une agriculture OGM aux côtés de l'agriculture traditionnelle. Sur 577 députés, seuls 271 se sont déplacés pour voter. 136 voix contre et 135 pour. L'échec est d'autant plus retentissant qu'il survient au lendemain de tentatives très médiatisées de Nicolas Sarkozy de reprendre en main le groupe UMP de l'Assemblée nationale qui avait déjà eu l'occasion de montrer sa mauvaise humeur à l'occasion d'un précédent débat sur le sujet. Résultat de ce premier grand dysfonctionnement, Nathalie Kosciusko-Morizet, la sémillante secrétaire d'Etat à l'Ecologie avait dégoupillé son exocet en direction de ses collègues du gouvernement et du Parlement et dénoncé un «concours de lâcheté et d'inélégance entre Jean-François Copé, qui essaie de détourner l'attention pour masquer ses propres difficultés au sein du groupe, et Jean-Louis Borloo, qui se contente d'assurer le minimum». Après cette crise qui avait failli provoquer la première fracassante démission du gouvernement Fillon, Nicolas Sarkozy avait décidé de recadrer le groupe UMP qui couvait depuis des mois une dangereuse fronde. De réunions publiques en tête-à-tête discrets, le président de la république avait usé de toutes les gammes de la dissuasion pour convaincre les fortes personnalités de ce groupe de se ressaisir. De la séduction à la menace, tous les moyens étaient mobilisés pour faire de la pédagogie politique et tuer dans l'œuf cette rébellion qui travaillait la majorité. Les communicateurs de l'Elysée présentaient l'affaire comme étant réglée et fanfaronnaient dans la presse que le savon passé par le président de la république aux députés de sa majorité avait porté ses fruits. Or le second débat qui allait discuter de la viabilité du texte de loi sur les OGM n'avait pas mobilisé les foules. L'opposition, utilisant les grosses ficelles de la procédure, en a profité pour administrer une gigantesque baffe au gouvernement. Il est vrai que le premier réflexe du gouvernement de François Fillon est de minimiser les effets politiques désastreux d'une telle mésaventure. Sans grande conviction, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche Michel Barnier assure et se rassure : «Ce n'est pas la crise, c'est un épisode de la vie parlementaire. La gauche a privilégié la tactique sur le projet (..) c'est un petit coup d'arrêt mais le processus parlementaire continue». Non seulement l'ensemble de la presse a tenu à souligner le calvaire que vit Nicolas Sarkozy avec sa majorité avec des mots très durs qui risquent de ne rien arranger dans la dégringolade entêtée de ses courbes de sondages, mais l'opposition en a fait un sanglant angle d'attaque pour affaiblir et discréditer davantage le président de la république. Le député socialiste Manuel Valls met le doigt sur la blessure : «Il y a un malaise au sein de la majorité. Incontestablement, il n'y a pas une véritable majorité au Parlement, à l'Assemblée nationale (…) On sent un malaise plus général entre la majorité et le président de la république, on sent incontestablement une défiance, un rejet dans l'opinion». De son côté le député PS Arnaud Montebourg triture la cicatrice avec un savoir-dire consommé : «Le désaveu est total pour Nicolas Sarkozy et son ministre Jean-Louis Borloo ( …) Le navire Sarkozy a pris l'eau (..) sa propre majorité a refusé de le suivre dans son louvoiement incompréhensible». La question qui est sur toutes les lèvres est la suivante : Que va faire, que peut faire Nicolas Sarkozy pour effacer les effets d'un tel affront ? Obliger Jean-François Copé à démissionner ? Plus facile à dire qu'à faire. D'ailleurs l'intéressé lui-même reste de marbre :«J'assume mes responsabilités. Les blâmes, j'y suis habitué. La définition de «tenir son groupe» est beaucoup plus complexe que certains ne le pensent».