L'opposition socialiste a critiqué la décision de Nicolas Sarkozy de s'impliquer militairement en Afghanistan estimant que le président veut accrocher la France aux intérêts anglo-saxons. Le débat prévu aujourd'hui mardi au Parlement français sur la décision de Nicolas Sarkozy d'envoyer 1000 soldats supplémentaires en Afghanistan sera l'un des rares moments où les choix en matière de politique étrangère du président de la république seront ouvertement interpellés. Exigé, la voix haute et les sourcils froncées, par l'opposition socialiste et communiste, ce débat a déjà été précédé par des critiques virulentes contre la décision de Nicolas Sarkozy d'engager davantage de forces français sur un terrain de plus en plus dangereux. Pour l'année dernière, la plupart des rapports font état d'un bilan des plus meurtriers de l'insurrection des Talibans : 8000 morts dont 230 militaires étrangers à travers quelque 160 attentats-suicides. La critique porte d'abord sur la forme. Comment le président de la république peut-il se permettre le luxe et l'impertinence d'annoncer une telle décision lourde de conséquences devant un parlement étranger ( britannique en l'occurrence) et maintenir la représentation nationale dans l'obscurité totale ? Le patron des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault, se fait l'écho de cette amertume et : «s'étonne de l'annonce faite par le président de la république Nicolas Sarkozy, devant le Parlement britannique alors même que l'Assemblée nationale n'avait été ni informée ni consultée». Jean-Marc Ayrault fait ce constat qui se veut alarmant : «la décision solitaire du président de la république modifie considérablement les termes du débat, car nous passons de missions de reconstruction et de consolidation à des missions de combat». D'autres leaders de l'opposition socialiste ont tiré à boulets rouges sur la décision de Nicolas Sarkozy de s'impliquer militairement sur le théâtre d'opérations afghan. Tandis qu'Arnaud Montebourg estime que le président de la république «est en train de nous accrocher aux intérêts anglo-saxons», Laurent Fabius accuse ouvertement la décision du chef de l'Etat de ne pas servir les intérêts français : «La décision d'envoyer des soldats supplémentaires est dangereuse et complaisante. Complaisante vis-à-vis de Bush et dangereuse vis-à-vis de la France et de ses intérêts». Le premier secrétaire du Parti socialiste s'interroge ouvertement sur la pertinence politique et économique d'envoyer des troupes supplémentaires : «Est-ce que c'est dans l'intérêt de la France d'envoyer des milliers d'hommes en Afghanistan? Est-ce que nous avons les moyens de le faire dans cette période de crise des finances publiques ?». L'autre angle d'attaque choisi par l'opposition pour mettre dans l'embarras l'exécutif français dans cette affaire est d'exiger que le débat parlementaire auquel doivent participer le Premier ministre Français Fillon, le ministre de la Défense Hervé Morin et celui des Affaires étrangères Bernard Kouchner, soit conclu par un vote pour que le parlement soit «associé à cet envoi de troupe» et ne pas se contenter de l'engagement de la responsabilité du gouvernement. Sentant le piège vers lequel l'accule l'opposition, Nicolas Sarkozy semble rejeter cette option du vote. Il laisse dire à son Premier ministre François Fillon : «J'irai moi-même présenter la position de la France. Il n'y a jamais eu de vote dans notre pays sur l'envoi de forces». Cette affirmation erronée a été l'occasion pour le chef des socialistes François Hollande de fanfaronner «M. Fillon a été pris en flagrant délit, je ne vais pas dire de mensonge car il ne faut pas utiliser des mots qui se sont pas appropriés, mais enfin d'amnésie». Et de rappeler qu'en 1991pour l'engagement des forces françaises en Irak «François Mitterrand, président de la république, avait demandé un débat et il y avait eu un vote même si la Constitution n'en fait pas obligation». Nicolas Sarkozy et François Fillon ont quelques raisons de refuser de soumettre la décision d'envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan à un vote du l'Assemblée nationale. Même s'ils disposent d'une majorité numérique au sein du Parlement, il n'est pas acquis d'avoir une majorité politique sur la nouvelle stratégie atlantiste de Nicolas Sarkozy. De nombreux députés UMP peuvent très bien saisir cette opportunité pour exprimer leur mécontentement d'ensemble à l'égard des choix de Nicolas Sarkozy.