La mort de dix parachutistes français, au début de cette semaine en Afghanistan, ne va pas changer la stratégie de la France dans ce pays, selon les déclarations du Président français dépêché sur place. Nicolas Sarkozy juge indispensable la présence des forces françaises en Afghanistan, où dix soldats ont été tués et 21 autres blessés lundi dans une embuscade. «Le travail que vous faites ici est indispensable. Je le dis (...) à vos camarades de toute l'Europe, car ce sont des soldats de toute l'Europe qu'il y a ici», a déclaré le président de la République dans un discours prononcé devant des soldats à Warehouse, le QG des forces françaises à Kaboul. «Ici se joue une part de la liberté du monde ; ici se mène le combat contre le terrorisme», a-t-il dit. Arrivé en début de matinée à l'aéroport de Kaboul, Nicolas Sarkozy s'était auparavant rendu à la chapelle ardente où reposent les corps des dix soldats tués lors des combats de lundi. Vingt-et-un autres ont été blessés. Le chef de l'Etat, qui est accompagné du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, de celui de la Défense Hervé Morin et du général Jean-Louis Georgelin, le chef d'état-major des armées, ne devait rester que quelques heures sur place. «Nous ne sommes pas ici contre les Afghans. Nous sommes avec les Afghans pour ne pas les laisser seuls face à la barbarie», a ajouté Nicolas Sarkozy. «La meilleure façon d'être fidèles à vos camarades, c'est de continuer le travail, de redresser la tête, d'être professionnels», a estimé le président français. « Je n'ai pas de doute là-dessus, il faut être là », a-t-il insisté, en soulignant qu'il ne regrettait pas la décision prise au printemps d'envoyer des renforts en Afghanistan, une initiative vivement critiquée par l'opposition. Nicolas Sarkozy a décidé au printemps dernier d'envoyer des renforts dans ce pays où sont aujourd'hui stationnés 2.600 militaires français dans le cadre de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) sous commandement de l'Otan. Le président français devait ensuite rencontrer les blessés à l'hôpital français, avant un entretien avec son homologue afghan Hamid Karzaï au palais présidentiel. L'embuscade de lundi porte à 24 le nombre de soldats français tués en Afghanistan depuis 2002. François Hollande a souhaité mercredi la réunion « dans les jours qui viennent » des commissions de la Défense et des Affaires étrangères du parlement pour engager une « réflexion » sur la mission française en Afghanistan. Contrairement au Parti communiste, le premier secrétaire du Parti socialiste n'a toutefois pas été jusqu'à demander le retrait des forces françaises du pays, ni même le retour des renforts envoyés ces dernières semaines. « Il faut se donner le temps de la réflexion sur ce qui est le sens de notre mission en Afghanistan », a-t-il dit sur France Info. « Il y a eu une évolution de la notion, nous sommes maintenant dans le maintien de l'ordre », a-t-il estimé en jugeant que le rôle du contingent français devrait se limiter à celui d'«encadrement» de l'armée afghane. «Il faut redéfinir la mission et lui fixer des objectifs précis», a ajouté François Hollande. • Elizabeth Pineau (reuters)