Le doute de l'opinion française traduisent l'échec de Nicolas Sarkozy à convaincre ses compatriotes sur la pertinence de maintenir une présence militaire en Afghanistan. A quelques jours du débat parlementaire au cours duquel députés et sénateurs doivent voter «pour ou contre la prolongation de l'intervention des Forces armées françaises en Afghanistan», l'opinion française semble exprimer une réticence claire à l'égard de l'engagement militaire français dans ce pays. Ainsi, selon un sondage BVA pour Orange et l'Express publié mardi, 62% des Français sondés se disent opposés au maintien d'une présence militaire de la France en Afghanistan. Cette position tranchée des Français, sans doute traumatisée par la perte de dix soldats français dans une embuscade meurtrière tendue le 18 août dernier par les Talibans, fait dire aux fabricants de ce sondage : «Force est de constater, à quelques jours du débat parlementaire, que l'opinion persiste dans son scepticisme». Déjà en mars dernier, les deux tiers des français désapprouvaient la décision de Nicolas Sarkozy d'envoyer des troupes supplémentaires dans ce pays. Le doute et l'indécision de l'opinion française traduisent aussi l'échec du président Nicolas Sarkozy à convaincre ses compatriotes sur la pertinence de maintenir et de renforcer une présence militaire en Afghanistan. Son approche volontairement dramatisante selon laquelle la sécurité du monde se joue en Afghanistan et qu'il serait mortellement inenvisageable de perdre cette guerre contre les Talibans, producteurs de la menace terroriste, ne semble pas secouer la fibre sécuritaire des Français. Le doute semble s'immiscer au cœur des propres troupes de Nicolas Sarkozy comme le montre l'audition du général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées par le groupe UMP de l'Assemblée nationale sous la houlette de Jean-François Copé. Les craintes et les interrogations exprimées par un député semblent relayer le doute généralisé : «J'ai un peu peur que nous soyons dans une situation d'enlisement comme au Vietnam ou en Algérie. Est-ce que les Afghans nous considèrent comme une armée d'occupation? aurait lancé le député UMP Michel Voisin à Jean-Louis Georgelin. L'opposition de gauche profite de ces moments de doute et d'hésitation pour harceler Nicolas Sarkozy sur sa politique afghane. François Hollande, premier secrétaire du PS et Jean-Michel Baylet du PRG (Parti radical de gauche) ainsi que les deux présidents du groupe parlementaire PS, Jean Marc Ayrault et Jean-Pierre Bel viennent d'adresser une lettre au président de la République dans laquelle ils lui demandent une «clarification de la stratégie française» en Afghanistan avec cet argument : «Nous constatons un enlisement politique, militaire et diplomatique…Alors que la stratégie américaine est de plus en plus contestée, la France ne peut pas accepter de s'impliquer davantage et plus longtemps sans contreparties». Cette missive avait été précédée par une demande des socialistes de constituer une mission d'information parlementaire sur la présence des troupes françaises en Afghanistan. Demande refusée par le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer au motif que cela ne s'imposait pas puisque le débat sur la question aura lieur le 22 septembre et sera suivi d'un vote. Ce refus a donné lieu à un rappel douloureux de l'opposition sur le rôle du Parlement dont les pouvoirs devaient être renforcé après la révision de la constitution votée à Versailles le 21 juillet dernier, comme l'exprime, avec un brin d'amertume, Noel Mamère, député-maire écologiste de Bègles en Gironde: «On continue comme avant. Le Parlement n'a pas plus de pouvoir qu'avant. Cela montre qu'il ya une volonté manifeste de contrôle du parlement par la majorité et le gouvernement». Malgré ce tableau gris, le ministre de la défense Hervé Morin garde le cap de la politique voulue par Nicolas Sarkozy. Ses dernières déclarations renseignent déjà sur la tonalité du discours gouvernemental lors du débat parlementaire sur la question : «la décision de certains pays de retirer leurs troupes serait un très mauvais signal… L'idée que nous puissions abandonner n'a pas de soutien en France. On n'a pas le droit de perdre en Afghanistan».