L'Assemblée nationale organise ce mercredi 16 décembre un débat sur l'Afghanistan. Après les sénateurs, c'est au tour des députés de s'exprimer sur l'engagement français dans ce pays. Pour Nicolas Sarkozy comme pour son gouvernement, le bourbier afghan n'est pas vraiment le sujet sur lequel s'exerce une grande cohérence. Bien au contraire, il produit de la contradiction et de l'embarras au sein d'une équipe gouvernementale censée parler d'une même voix sur un sujet aussi sensible. L'exemple des charters de clandestins afghans qui font la liaison Paris-Kaboul est une des plus frappantes illustrations de ces contradictions. Après avoir soulevé un tollé général après les premiers renvois pilotés par le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, l'impression était installée que le gouvernement réfléchirait à deux fois avant de se livrer à une telle pratique. Celle-là même qui a vu l'opposition monter au créneau pour dénoncer le cynisme qu'il y avait à expulser des individus dans un pays où ils étaient sûrs de se faire tuer. Sans parler de la gêne occasionnée, exprimée par certains ministres d'ouverture, comme Bernard Kouchner, sur l'opportunité politique de se livrer à un tel exercice. Balayant toutes ses hésitations et ses critiques, Nicolas Sarkozy par la voix du secrétaire général Claude Guéant, vient de confirmer que les charters remplis de clandestins afghans à destination de Kaboul vont reprendre leurs activités. L'unique argument développé par le sherpa de Nicolas Sarkozy est que la Grande-Bretagne expulse chaque année plus d'un millier d'Afghans, «je ne vois pas pourquoi la France ne le ferait pas», s'est-il interrogé pour couper court à toutes les interpellations. Cette confirmation du retour de charters intervient à un moment crucial où l'Assemblée nationale organise ce mercredi 16 décembre un débat sur l'Afghanistan. Après les sénateurs, c'est au tour des députés de s'exprimer sur l'engagement français dans ce pays. Même si le débat ne sera pas conclu par un vote susceptible de lier les mains du gouvernement, l'occasion est trop belle pour l'opposition de mettre davantage de pressions sur Nicolas Sarkozy pour qu'il définisse de manière plus claire et plus précise le sens de la présence militaire française en Afghanistan. La question est si pertinente que même au sein de la majorité présidentielle, une dénomination commune des objectifs et de la stratégie est loin d'être partagée. A titre d'exemple, tandis que le ministre de la Défense, le centriste Hervé Morin, affirme à qui veut l'entendre que la France n'est pas en guerre en Afghanistan sous prétexte qu'il n'y a pas eu de déclaration de guerre, le patron du groupe UMP, Jean-François Copé se veut catégorique : «On est dans une guerre. Ce n'est pas simplement une intervention». En plus d'être gêné aux entournures par une opinion qui refuse dans sa grande majorité l'engagement militaire français en Afghanistan, Nicolas Sarkozy se trouve sous la pression de ses alliés de fournir des troupes supplémentaires pour participer davantage à l'effort de guerre exigée par la nouvelle stratégie américaine dévoilée récemment par Barack Obama. Après une grande hésitation, le président de la République semble avoir reporté au 28 janvier prochain, date de la tenue de la Conférence internationale sur l'Afghanistan à Londres, sa véritable décision militaire sur le sujet.