Le président français a confirmé son intention de participer aux négociations que compte entamer le président colombien avec les FARC. Pour Nicolas Sarkozy, le compte à rebours a commencé. Nicolas Sarkozy n'a pas attendu longtemps pour donner suite à l'invitation que les autorités colombiennes lui ont fait parvenir de participer à la négociation autour de la libération d'Ingrid Betancourt, détenue depuis de longues années par les Farc. Aussitôt confirmée, l'intention du président colombien Alvaro Uribé de le voir personnellement impliqué dans cette transaction politico-humanitaire à la place du président vénézuélien Hugo Chavez, Nicolas Sarkozy, en bon professionnel des dossiers sensibles, a entamé son travail d'approche, de séduction et de communication. Il vient d'enregistrer deux messages, audio et vidéo, à destination des otages dont Ingrid Betancourt et à Manuel Marulanda, le chef des FARC. Dans une démarche qui commence par la dorénavant célèbre phrase «Bonjour, Je suis Nicolas Sarkozy, le Président de la République française» destinée, sinon à entrer dans les annales des affirmations péremptoires du moins, à nourrir sa généreuse satire politique, le chef de l'Etat français explique le sens de son engagement et rassure Ingrid Betancourt : «je refuse l'idée de vous laisser en perdition. Je me suis engagé pour vous. Je me suis engagé à vous arracher à un destin inhumain (…) Les documents qui viennent d'être publiés nous ont bouleversés. Ils montrent le visage de la souffrance. Ils révèlent l'âme du désespoir». Et de terminer avec un appel personnalisé, intimiste, à tenir et à résister «Ingrid, nous ne vous laisserons jamais tomber. Je vous supplie d'avoir confiance. Nous y arriverons. Il faut que vous teniez parce que votre famille vous attend». Vient ensuite une longue tirade en direction des chef des Farc Manuel Marulanda : «je vous demande solennellement de relâcher Ingrid Betancourt et de ne pas porter sur votre conscience le risque que ferait peser sa disparition. C'est aujourd'hui une femme à bout de force. (…) Au-delà, je m'engage à redoubler d'efforts, si cela est souhaité, pour contribuer à trouver une issue au conflit colombien. Mais pour l'heure, Monsieur Marulanda, il faut sauver une femme en danger de mort. Je forme un rêve: celui de voir Ingrid au milieu des siens pour Noël». Et il a suffi de cette petite phrase pour que l'imagination la moins fertile puisse entrevoir déjà, comme le dit si bien l'éditorialiste du «Dauphiné libéré», «Un avion officiel frappé de la cocarde tricolore se posant sur la base aérienne de Villacoublay. Et soudain, sur la passerelle, la silhouette fantomatique d'Ingrid Betancourt. Comme une miraculée. Comme un rêve». Le scénario est d'un classique puisqu'il décrit par le menu détail le dénouement d'affaires d'otages dont les plus récentes et les plus célèbres, celle des journalistes Florence Aubenas, Christian chénot et Georges Malbrunot. Pour Nicolas Sarkozy, le compte à rebours a commencé. Noël approche à grands pas. Sa démarche a soulevé de grands espoirs au sein de la famille Betancourt du comité de soutien à la libération d'Ingrid pour qui : «Cette déclaration est un appel historique. Nicolas Sarkozy montre qu'il a pris le dossier à cœur. Il accepte de jouer un premier plan et qu'il parle avec les Farc». A part cet appel humanitaire et cette prise de contact médiatique l'Elysée est resté très discret sur les prochaines étapes à suivre. Le voyage de Nicolas Sarkozy dans la jungle colombienne pour négocier personnellement avec les Farc n'est pas encore à l'ordre du jour. Il n'empêche que la démarche du président français a forcé l'admiration de ses plus vaillants détracteurs comme le député de la Gironde, le Vert Noël Mamère qui ne peut qu'admettre que Nicolas Sarkozy «a trouvé les mots qu'il fallait». Ce compliment arraché s'est tout de suite payé au prix fort d'un véritable réquisitoire contre sa politique étrangère. Noël Mamère a la main lourde : «je constate que la politique étrangère du président de la République n'est pas à l'image de ce qu'il avait défendu durant sa campagne présidentielle (...) Il est clair qu'après son voyage en Algérie, après la visite à Kadhafi après cette accolade avec Idriss Deby , après la visite à Omar Bongo, après les félicitations à Poutine, on est très loin de cette diplomatie basée sur la morale, la vertu et le respect des droits de l'Homme qu'annonçait Nicolas Sarkozy».