Roschdy Zem, l'acteur français d'origine marocaine était présent au Mégarama pour l'ouverture du festival Casa Ciné. L'acteur du film «Indigènes» a fait l'objet d'un vibrant hommage. ALM : On dit que vous avez ouvert la voie aux comédiens arabes en France, est-ce que c'est vrai ? Roschdy Zem : A vrai dire, je ne sais pas du tout. C'est le public qui devrait répondre à cette question, mais je pourrai dire que moi-même aux côtés de quelques camarades maghrébins avons posé les fondations du cinéma «arabe» en France, on a essayé de les poser les plus solidement possibles, cependant il reste encore beaucoup de travail à faire. Votre expérience en France et avec le cinéma français, qu'est-ce qu'elle vous a apporté ? Tout ce que je sais du cinéma c'est en France que je l'ai appris. Le cinéma français est une grande école, j'ai commencé ma carrière en France, et je la continue là bas. Justement est-ce que vous envisagez un retour possible au Maroc ? C'est très possible, je ne reviendrai pas comme ça mais j'envisage de retourner avec des projets de cinéma. Car justement, au Maroc il y a un terrain très propice pour évoluer et aller de l'avant dans le cinéma. Car ce pays constitue un véritable pont très intéressant entre le cinéma maghrébin et le cinéma européen et surtout français. J'aimerais bien continuer à faire une sorte de lien inébranlable entre la France et mon pays d'origine. Que pensez-vous du cinéma marocain ? Le cinéma marocain a connu une véritable évolution. Il est aujourd'hui en pleine expansion, et son point fort est justement le fait qu'il soit teinté d'une sorte de réalité marocaine. Maintenant, les réalisateurs marocains traitent les choses d'une façon plus profonde qui sort de la légèreté. Qu'est-ce que ça vous fait d'être à l'honneur à Casa Ciné ? C'est vraiment un grand hommage pour moi, et un grand honneur aussi. Surtout dans la ville de Casablanca parce que c'est une ville qui m'est très chère. Je venais souvent rendre visite à mes grands-parents en été, ils habitaient le quartier Bourgogne. Maintenant je suis très heureux de retourner ici, trente ans après. Je suis là au Mégarama, tout près de la maison où j'ai passé les beaux moments de mon enfance. Je veux que tout le monde sache que je suis marocain. C'est très important pour moi. J'aimerai qu'on cesse de croire que je suis algérien. Je ne suis pas algérien ! je suis marocain !
Avez-vous des projets pour l'avenir ? Côté projets, je continue ma carrière d'acteur… mais je me mets également à l'écriture. Je travaille actuellement sur un scénario qui s'inspire de l'affaire Omar Reddad. C'est pour mettre en évidence son innocence que je le fais. Il n'a pas été inculpé, mais il n'a pas été innocenté et c'est pour lui rendre son honneur que je le fais. Croyez-vous que c'est possible avec le cinéma ? Bien entendu ! ça a marché avec le film «Indigènes », et pourquoi ça ne marcherai pas ici ? Le cinéma a constitué depuis toujours un outil de propagande de premier choix. Prenant l'exemple des westerns ! Quand j'étais petit j'ai toujours pris les indiens pour des méchants, et ce n'est qu'en grandissant que j'ai compris que ces personnes étaient chez elles.
Qu'est-ce qui distingue Roschdi Zem des autres acteurs ? A vrai dire je ne sais pas trop. Mais ce qui se passe c'est que je fais d'autres choses à côté du cinéma. J'estime qu'il y a des choses plus importantes que le cinéma, notamment la famille, le cinéma est important pour moi, il occupe une partie de ma vie, mais il n'occupe pas toute ma vie. Je le considère comme un métier. ------------------------------------------------------------------------ Inauguration de Casa Ciné La 3-ème édition du festival "Casa Ciné" de Casablanca s'est ouverte mercredi soir avec au menu une centaine de projections nationales, arabes et internationales. La cérémonie d'ouverture s'est déroulée en présence notamment de André Azoulay, conseiller de SM le Roi, du wali de la région du Grand Casablanca, Mohamed Kabbaj, du président du conseil de la région, ainsi que de nombreuses personnalités. Durant ce festival, organisé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, des films marocains et étrangers, des documentaires, et des avant-premières seront projetés, et des hommages seront rendus au réalisateur marocain Saâd Chraibi et à l'acteur de l'industrie du cinéma de Bombay John Abraham (Inde). Au total 90 projections sont programmées et plus de 70 films répartis sur six lieux à travers la ville sont prévus lors de ce festival.