Avec ce choix, SM le Roi a non seulement consacré la normalité démocratique, mais il a installé, avec la nomination de Abbas El Fassi, un nouvel usage dans la jeune démocratie marocaine. La nomination du secrétaire général du parti de l'Istiqlal, Abbas El Fassi, en tant que Premier ministre est une décision qui a une portée qui dépasse de loin le simple calcul postélectoral. Certes, elle entre dans le cadre de l'engagement royal de respecter «la normalité démocratique» dans le choix du Premier ministre, mais sa dimension politique est de nature à révolutionner la pratique électorale au Maroc. En effet, s'il était prévisible que le Premier ministre soit nommé au sein du parti ayant obtenu le plus grand nombre de sièges à la première Chambre, le fait de choisir le patron du parti n'était pas aussi évident. Or, avec ce choix, SM le Roi a non seulement consacré la normalité démocratique, mais il a installé, avec la nomination de Abbas El Fassi, un nouvel usage dans la jeune démocratie marocaine. Nommer le chef de file du parti qui est arrivé en tête lors des élections et le charger de former une coalition gouvernementale signifie que le choix de l'électeur a été totalement respecté. Voter pour un parti signifiera, désormais, faire son choix quant au parti et à la personne qui va diriger le futur gouvernement. Et, si l'article 24 de la Constitution fait du choix du Premier ministre une prérogative de souveraineté, SM le Roi vient d'installer une tradition qui va certainement s'enraciner dans les mœurs politiques marocaines. Combattre l'abstentionnisme qui a tendance à s'ancrer comme une donnée structurelle du champ politique national ne pouvait se faire mieux qu'avec un message aussi clair : c'est le vote qui détermine le choix du chef du gouvernement et de la coalition qu'il va former. Charger le secrétaire général du parti de l'Istiqlal de former le gouvernement, sachant que son parti s'était engagé à maintenir la coalition sortante en cas de victoire électorale, est une manière de rendre hommage aux efforts fournis par certains partis de la majorité pour avoir honoré leurs engagements en tant que coalition gouvernementale et pour s'être engagés dans un processus de modernisation. La nomination de Abbas El Fassi n'est que le début d'un processus qui mènera certainement à l'instauration de nouveaux usages démocratiques.