Parce qu'il a été humilié par son ami, Abdelhadi n'a pas hésité à l'assassiner à coup de couteau. Quartier Derb Ghallef, à Casablanca-Anfa. Pas loin du marché, se situe une écurie réservée aux carrioles, chevaux, ânes et mulets. Bien qu'il ne demeure pas loin, Al Mahdi Ould Allal préférait rester parfois en compagnie de son ami Abdelhadi qui y passait la nuit, parce qu'il venait d'une autre région du Royaume. Cette nuit de la dernière semaine du mois de juillet ne faisait pas l'exception. De coutume, sa famille ne le cherchait pas lorsqu'il s'absentait la nuit. Mais, il rentrait tôt le matin pour prendre son petit-déjeuner. Seulement, ce matin, il n'a pas donné signe de vie. Pourquoi ? Personne ne savait la raison. Et tout d'un coup, un voisin est venu frapper à la porte : «Venez vite, votre fils a été tué…» A l'écurie, Al Mahdi est étendu par terre, corps sans âme, gisant dans une mare de sang. Les éléments de la police judiciaire sont arrivés et ils ont commencé à chercher des témoins qui auraient pu voir ce qui s'était passé. Les enquêteurs ont remarqué une grave plaie au niveau du cou de la victime. Les éléments de la protection civile ont été appelés pour évacuer le cadavre vers l'hôpital médico-légal afin d'être soumis à l'autopsie. Entre-temps, les enquêteurs ont entamé leur investigations. D'abord, ils ont identifié la victime connue par les habitants du quartier. Ces derniers connaissaient aussi son ami, Abdelhadi. Où est-il ? Des témoins affirment qu'Al Mahdi était, la veille de la découverte de son cadavre, en compagnie de son ami Abdelhadi, repris de justice qui a purgé une peine d'emprisonnement en 2005 à Oukacha (Casablanca). Les enquêteurs se sont déplacés au complexe pénitentiaire indiqué pour jeter un coup d'oeil sur les fichiers à la recherche des personnes portant le prénom d'Abdelhadi ayant déjà purgé des peines d'emprisonnement en 2005. Ils ont trouvé plus de vingt personnes qui portent le même prénom. Une démarche sans résultat. Les enquêteurs se sont de nouveau adressés aux témoins. Et c'est là où ils ont trouvé enfin une photo prise par le téléphone cellulaire du frère d'Al Mahdi et où ce dernier est en compagnie de son ami recherché. Bien qu'elle soit floue, elle pourrait faire avancer l'enquête. Les enquêteurs sont retournés une fois encore à la prison d'Oukacha pour comparer la photo avec celle des détenus, collées aux fichiers. Bonne astuce, les enquêteurs ont identifié le présumé auteur du meurtre d'Al Mahdi. Où serait-il caché ? Il aurait peut-être pris un autocar ou s'apprêterait à le faire car c'est le seul moyen de fuir. Il pourrait aussi se réfugier quelque part à Derb Ghallef et plus précisément au bidonville Bachkou, pensent les enquêteurs. Divisé en deux groupes, un premier groupe s'est déplacé à la gare routière Ouled Ziane, le second est allé au bidonville Bachkou. C'est ce dernier groupe qui a pu retrouver la personne recherchée. Abdelhadi a été arrêté alors qu'il était plongé dans un profond sommeil. Les enquêteurs lui ont appris qu'Al Mahdi a été transporté à l'hôpital où il se faisait soigner. «Vraiment ? Je n'avais pas l'intention de le tuer !», a-t-il affirmé. Mais pourquoi l'a-t-il poignardé ? «Il me traitait comme son esclave et non pas comme son ami et il m'humiliait sans cesse», a-t-il répondu. Le jour du meurtre, Abdelhadi était en train de dormir quand Al Mahdi est arrivé. Il l'a réveillé, lui a ordonné de laver son cheval, de fermer la porte de l'écurie et de lui préparer du thé. Abdelhadi a refusé et Al Mahdi l'a alors menacé de le frapper. Hors de lui, Abdelhadi lui a donné un coup de poing. Al Mahdi s'est effondré, a tenté de se relever. Mais, Abdelhadi était plus rapide que lui. Il a sorti un couteau et lui a asséné un coup fatal au niveau de son cou avant de prendre la fuite.