Le métier de tireur de carrioles ou comme on l'appel en dialecte « al hammal », a pris une ampleur sans précédent vu la multiplication de ces hommes chevaux comme on veut les nommer, et avec eux les divers problèmes auxquels ils sont heurtés quotidiennement. Alors qu'on essayait de tirer le voile de ce réel problème social que vivent ces hommes, on a été amenés à recueillir quelques témoignages qui nous ont de plus en plus ouvert les yeux sur une réalité qui était absente des esprits ou plutôt que nous voulions, nous tous, ignorer. Je disais, parmi les témoignages les plus frappants, fut celui de notre ami Hassan ou « el aouni » comme il est appelé par ses collègues de métier, ce père de famille travaille comme tireur de carrioles depuis 16 ans déjà et a deux enfants à charge, scolarisés. Il est originaire d'El Jadida. Il nous a déclaré avec beaucoup de tristesse, qu'avant d'exercer ce métier, il était employé au sein d'une société de textile il gagnait alors, jusqu'à 150 dhs par jour alors que dans ce métier d'homme cheval, il gagne dans le meilleur des cas, 100 dhs par jour qui est calculée selon le trajet effectué comme si on avait affaire à des ânes même pas à des chevaux. Sans parler des journée ou il retourne bredouille chez lui sans un centime à la poche sachant bien que plusieurs bouches attendent d'être nourries abstraction faite s'il a réalisé une journée fructueuse ou pas . Toujours, selon notre ami, les horaires de travail sont très rudes (de 8h du matin jusqu'à 19 h le soir) Et encore , il a de la chance, lui !! El Aouni, tire des centaines de kilos de marchandises, selon la volonté de chaque client (magasins pour la plus part d'entre eux), qui ne pensent, eux, qu'au gain bien sûr. Pour ce qui est de l'âge des tireurs de carrioles, ceci va de 18 ans pour les plus jeunes jusqu'à 60 ans et plus pour les vétérans. La vision de la société elle n'a pas changé si ce n'est qu'elle empire de plus en plus. Puisqu'en 2006, au Maroc, les citoyens sous-estiment encore les hommes chevaux sans essayer de comprendre leur situation alarmante, au moins. Selon les dires de notre ami El Aouni, Les autorités avaient procédé, il y a 7 années de cela, à l'irradiation complète des carrioles de Derb Omar mais vu la situation désastreuse de cette masse ouvrière, on leur a permis de reprendre leurs activités. En réponse à la question : est-ce que vous voudriez avoir un engin mécanique au lieu de pousser à la main les carrioles ? Notre ami a répondu qu'il aurait bien voulu, mais que ce n'était pas pratique puisqu'ils sont régulièrement amenés à accéder aux caves et à utiliser les escaliers pour charger les marchandises. Donc, il faudrait changer toute l'infrastructure des magasins pour permettre un tel changement. D'autres témoignages, cette fois ci, commençons par celui de Hammadi qui a 25 ans de métier à son actif. Originaire lui de la région de Bengrir, Hammadi nous a affirmé qu'il travaillait de 7 h du matin jusqu'à 20 h et qu'il transportait ou plutôt tirait jusqu'à 800 kg de marchandise. Pour ce qui est du revenu, notre cher Hammadi nous a déclaré que les clients ne payaient pas toujours bien. Puisque selon lui, il gagnerait 30 dhs au maximum par jour. Hammadi habite à Derb el Kabîr, il est marié et père de 4 enfants à charge. Signalons que notre ami paye 500 dhs de loyer par mois, c'est relativement cher pour quelqu'un qui perçoit 30 dhs par jour !! Un autre témoignage cette fois-ci celui d'un autre homme cheval nommé Mohammed, 35 ans de métier, originaire de Casablanca notre ami Mohammed a quitté l'école depuis le Cm5 il est marié et père de 2 enfants (1 fille et un garçon) lui commence le travail à 8 h et termine à 20 h. Selon lui, c'est les contraintes familiales qui l'ont obligé à choisir ce métier pour dépanner. Toujours selon Mohammed, c'est essentiellement des tissus et des épices qui constituent la principale marchandise pour lui. Il rajoute que s'il n'y a plus de santé personne ne te dépannera c'est pour vous dire à quel point les hommes chevaux ont perdu confiance en l'avenir. Un autre témoignage cette fois ci très frappant puisque son auteur était dans l'armée marocaine. Ceci nous amène à se poser des questions... Abdelatif qui n'a pas souhaité donner suite à notre demande. Selon, un propriétaire d'un magasin de tissus juste à coté de l'institut de journalisme à Derb Omar, les hommes chevaux sont indispensables pour le transport des marchandises, malheureusement, lui aussi n'a pas voulu répondre à nos questions. Pour finir, je dirais qu'on achève bien les hommes chevaux à Derb Omar . Réalisé conjointement par : L.Mohcine G.Fatimzora B.Fouad B.Najwa B.Majdouline