Croyant être humilié par Najat, 18 ans, qu'il ne cessait de harceler, Ayoub, de deux ans son aîné, qui était dans un état d'ivresse avancé, l'a liquidée à l'arme blanche. Dimanche 21 novembre dans l'après-midi, Jihane s'est rendue chez son amie Najat Kamara, qui demeure à Derb Tazi, pas loin de la bâtisse de la Foire Internationale de Casablanca et de la mosquée Hassan II. Elle voulait qu'elle l'accompagne chez le coiffeur. En repos ce jour-là, Najat, née il y a 18 ans d'un père guinéen et d'une mère marocaine, diplômée d'une école de coiffure, s'est empressée d'accepter. Une heure plus tard, les deux jeunes demoiselles s'apprêtaient à rentrer chez elles quand l'une demanda de faire un petit tour, histoire de se changer les idées. Elles choisirent d'errer dans les ruelles du quartier Bousbir (l'actuelle rue Tafilalet), en ancienne médina, tout en causant et bavardant quand un accident survint. Un jeune homme, à bord d'un vélomoteur, voulant les draguer, heurta violemment Jihane, qui a été transportée vers les urgences de l'hôpital Ibn Rochd pour subir les soins nécessaires. Indemne, Najat choisit de rentrer à la maison. A quelques mètres de là, juste à côté du cinéma Moghreb, elle croisa Ayoub. N, tangérois qui rend souvent visite à sa tante maternelle, demeurant à Derb Sénégal, loin de moins de cinq cents mètres de Derb Tazi. Il était manifestement dans un état d'ivresse avancé. Elevé par sa mère, séparé de son père depuis plusieurs années, Ayoub partait d'échec à échec. Quittant l'école en 1999, alors qu'il était à son quinzième printemps, avec un niveau de la huitième année d'enseignement fondamental, il a essayé par la suite d'apprendre de nombreux métiers. Mais en vain. Il n'est jamais arrivé à devenir ni boucher, ni coiffeur, ni cordonnier. Et il est resté en chômage, à passer son temps entre Tanger et Casablanca, même si cette dernière ville avait un grand attrait à ses yeux surtout qu'il s'est familiarisé avec les jeunes du quartier Sénégal, Derb Tazi, Boutoul…etc. Ce dimanche 21 novembre, vers 15h, il a empoché un billet de cinquante dirhams que sa tante lui avait donné. Sans perdre de temps, il s'est dépêché sur une salle de jeu pour jouer quelques parties de billard. Puis, il s'est rendu à une épicerie du boulevard Bordeaux, donnant sur la rue des Anglais, pour acheter un trois-quart de vin rouge, “Moghrabi“, à vingt-huit dirhams. En dissimulant la bouteille sous ses vêtements, il s'est dirigé vers un terrain vague situé à Hay Tassahoul, quartier Bourgogne. D'un verre à l'autre, Ayoub a vidé la bouteille et s'est levé de sa place pour rentrer chez lui. Et c'est là qu'il croisa Najat. Ce n'était pas la première fois qu'il la voyait. Il lui avait exprimé à plusieurs reprises son amour, sauf que la jeune fille n'a pas voulu de lui. En la voyant ce jours-là, il s'est approché d'elle. Najat, qui était encore sous le choc de l'accident dont son amie, Jihane, était victime, s'est mise en colère et l'a traité d'impuissant. En réponse, il l'a giflée. Ripostant, la jeune fille lui a donné un coup de pied au bas-ventre. Il a tenté de lui asséner un coup de poing. Mais l'intervention des badauds l'a empêché de la frapper et chacun d'eux s'est dirigé chez lui. Mais Ayoub qui s'est senti humilié a pensé à venger son honneur. En rentrant chez lui, il a saisi un couteau à cran d'arrêt qu'il cachait sous un lit et est sorti chercher Najat. Elle était encore dans la rue, pas loin de son domicile. En le voyant s'approcher, elle n'a pas bougé même quand Ayoub a commencé à la menacer. En un geste brusque, le jeune homme a réussi à lui enfoncer la lame du couteau dans son cou. Najat s'est effondrée devant les yeux des badauds. Quant à Ayoub, il a été arrêté quelques minutes plus tard par les éléments de la 11ème section judiciaire de la brigade urbaine de la sûreté de Casablanca-Anfa et a été traduit, mercredi 24 courant devant la justice.