Décidant de se débarrasser de son nouveau-né illégitime, Siham, fille de joie de 17 ans, l'a étouffé en s'allongeant sur lui, alors qu'elle était chez deux clients en compagnie de son amie, Najat. Douar Ouled L'Ghani, province d'El Jadida. Saïd, dix-sept ans, monte cet après-midi du mercredi 17 septembre, dans un grand taxi. Sa destination était Sidi Bennour. Il y va pour rencontrer une prostituée. Non pas pour lui, mais pour son frère, Abdelghafour et son cousin, Hamid, âgés respectivement de 35 et 30 ans ! Ce n'est pas la première fois qu'il se charge de cette tâche. Son chômage le pousse à faire n'importe quoi en contrepartie de quelques sous.. Quand il arrive à Sidi Bennour, il ne perd pas de temps à se rendre aux endroits où pointent les prostituées en quête de clients. Il n'en trouve pas? Où sont-elles ? Il finit par croiser un proxénète qui lui trouve habituellment des filles de joie. « Les policiers nous dérangent ces derniers temps…C'est pourquoi, il n'y a plus de filles de joie dans la rue », lui explique-t-il. La solution, lui demande Saïd. Elle est très simple et très facile. Saïd doit attendre le proxénète juste à côté de la station des grands taxis. Saïd a passé plus d'une demi-heure à attendre au point de croire que le proxénète s'est joué de lui et qu'il a perdu les vingt dirhams qu'il lui avait remis. Ce qui n'est pas vrai, puisque Saïd a remarqué un peu plus tard le proxénète qui arrive, en compagnie de deux filles de joie. Une fois devant lui, il les lui a présentées. Siham et Najat… Seulement, Saïd est resté bouche-bée quand il a remarqué le ventre de Siham et a saisi le proxénète pour le tenir un peu plus loin des deux filles. «Mais j'ai remarqué que Siham est enceinte, il n'y a pas d'autres filles ?», lui demande-t-il. Le proxénète lui a expliqué qu'une campagne a été lancée dernièrement contre la prostitution, que les yeux des policiers et des indics se sont fixés, depuis quelques jours, sur toutes les portes des maisons closes et qu'il n'a trouvé qu'elle. Saïd n'avait pas le choix. Siham et Najat sont montées au grand taxi, juste à côté de Saïd qui ne leur a pas adressé la parole. Une fois arrivé au douar, Saïd est descendu du taxi avec les deux filles. Subitement, deux jeunes hommes qui étaient au parking des taxis ont attaqué Najat. Ils étaient hors d'eux. Saïd est intervenu pour les éloigner. L'un d'eux lui a cogné la tête l'obligeant à se tenir à l'écart, laissant les badauds faire leur possible pour les éloigner d'elle. Elle les avait trompés, il y a quelques jours, quand ils lui avaient donné de l'argent pour leur chercher une autre fille. Mais, elle s'est volatilisée sans leur donner signe de vie. Saïd a accompagné par la suite les deux filles vers son frère et son cousin qui lui ont reproché d'emmener une fille de joie enceinte. Ils finissent par les accepter et passer la nuit avec elles. Quelques heures plus tard, l'imprévu s'est produit. Ils étaient en train de s'enivrer, de bavarder et de faire l'amour quand Siham commence à crier et à demander secours. Les deux jeunes hommes, Hamid et Abdelghafour ne savaient que faire. «Ce sont les douleurs des contractions…elle va accoucher», leur a dit son amie. Et un garçon s'est glissé entre ses jambes un peu de temps plus tard. Que doit-elle faire? Une question qui lui a hanté l'esprit durant la nuit. Et elle est arrivée à une solution satanique. Se débarrasser de lui en le tuant. Elle a gardé son secret à elle-même sans le dévoiler à son amie ni à Abdelghafour et Hamid. Une fois ces derniers endormis, Siham a mis son nouveau-né à terre et s'est allongée sur lui jusqu'à l'étouffement. Le lendemain matin, elle a mis son cadavre dans un sachet en plastique et est sortie pour chercher un taxi. Son amie, Najat, et les deux jeunes hommes n'ont pas réagi, nullement surpris par le comportement de Siham. Cette dernière est montée dans un taxi pour aller à Douar Al Kariat où demeure sa mère en compagnie de son beau-père. Quand elle y est arrivée, elle est rentrée chez ce dernier, le suppliant de l'aider à camoufler son crime. Elle lui a demandé d'alerter l'agent d'autorité du douar lui expliquant que sa mère a accouché d'un enfant qui a rendu l'âme. Le beau-père a refusé de mentir, de participer avec elle dans un crime et il a alerté les gendarmes qui n'ont pas hésité de l'arrêter en compagnie de Najat et leurs clients, Saïd, Abdelghafour et Hamid. Ils sont par la suite traduits devant la Cour d'appel d'El Jadida poursuivis pour infanticide, non dénonciation et débauche.