Zakaria, victime d'un viol, est sensiblement traumatisé. Il a été violemment sodomisé par un autre garçon. La victime a été transférée à Bayti à Casablanca. Zakaria craignait énormément les policiers. Ils le chassaient quand ils le voyaient vendre les mouchoirs en papiers aux automobilistes stationnés dans les différents ronds-points du quartier Yacoub Mansour à Rabat. Le jeune garçon vendait également les sachets en plastique aux marchés et aux "joutéas" de la ville. Mardi14 février 2006. Ce jour-là, il n'avait pas peur des membres de la brigade préfectorale des mineurs. Vers 15 heures de l'après-midi, il est monté à bord du fourgon, l'air joyeux. La destination était le siège de l'association Bayti à Casablanca. Avant que le chauffeur démarre le véhicule, Zakaria est descendu pour embrasser sa mère, Zineb. Un dernier adieu avant de commencer une nouvelle vie ailleurs loin de sa petite famille. Najat Adib, de l'association «Touche pas à mon enfant», les accompagnait. Elle n'a ménagé aucun effort pour aider le jeune garçon à s'en sortir. «Si j'y reste, je vais le tuer. Je ne peux plus le voir, ni le croiser dans la rue», crie Zakaria sur un ton agressif et malheureux. Mais quelle personne voulait-il tuer? Il s'agit de Rafik, un jeune mineur du même quartier. Il le guettait depuis plusieurs jours. «Je l'ai raté cette fois», regrette-t-il. Comment l'a-t-il raté ? Zakaria, qui ne sort que rarement de chez lui, au quartier Amal 3, Bloc B, à Lamharigue, a acheté un couteau à quatre-vingt dirhams. Il avait l'intention de l'utiliser pour liquider Rafik. Guettant ce dernier, Zakaria n'a pas hésité à lui asséner un coup au niveau de son cou, lui causant ainsi une blessure nécessitant 16 points de sutures. Arrêté, un procè-verbal a été dressé avant de traduire l'accusé devant la justice. Faisant l'objet d'un dossier correctionnel, il a été poursuivi en état de liberté provisoire pour coups et blessures avec l'arme blanche. «La prochaine fois, le coup sera mortel», déclare-t-il. La haine lui ronge le cœur. L'idée de vengeance mine son esprit jour et nuit. Vu son état psychologique, le psychiatre du CHU Arrazi, le Dr. Kisra, a attesté qu'il "serait très bénéfique de le placer dans un centre d'éducation et de formation". Pourquoi garde-t-il toute cette rancune contre Rafik? Ce dernier est son violeur. Cette histoire de viol remonte au mois d'août 2004. Zakaria, alors âgé de treize ans, travaillait au marché du quartier Lamharigue à Rabat comme vendeur de sachets en plastique et en portant les paniers des clients. Vers 15 h 45, il a transporté le panier d'un homme jusqu'à sa voiture stationnée dans un parking près du 15ème arrondissement de police, contre cinq dirhams. De retour au marché, Rafik l'a abordé devant la porte du terrain de football. Ce toxicomane, connu pour sa cruauté et son agressivité, est âgé de dix-sept ans. Armé d'un tesson de bouteille, il a obligé Zakaria de l'accompagner dans un jardin jouxtant le 15ème arrondissement, loin des regards. Près d'un arbre, il l'a obligé par la force de baisser son pantalon et de se mettre à genoux. Il l'a sodomisé violemment. Le jeune garçon a poussé des cris stridents. Cependant, personne n'est venu à son secours. Plus tard, Rafik est parti, abandonnant Zakaria dans un état déplorable. De retour à la maison, sa mère l'a conduit aussitôt à l'hôpital des enfants. Il avait une fissure anale. Les médecins lui ont fait six points de sutures et l'ont gardé durant trois jours. Alertée, la police a arrêté Rafik. Ce dernier n'a passé que cinq mois à la Maison de Réforme. Même après sa libération, il continue à harceler souvent Zakaria, qui s'est enfermé chez lui. Il ne sortait que rarement. Il lui a rendu la vie impossible. C'est pour cette raison qu'il a été conduit à Bayti, à Casablanca. Mais jusqu'à quand ?