Zakaria Miloudi est décédé, mardi dernier, à la prison de Kénitra. Une crise d'asthme a eu raison du patron d'"Assirat Al Mostaqim" qui a déclenché les hostilités bien avant la grande "répétition" du 16 mai 2003. Zakaria Miloudi, même mort, continue à faire parler de lui. Malgré les précisions de l'Administration pénitentiaire, sa famille se manifeste finalement pour demander une autopsie et porter de graves accusations contre les autorités. Elle accuse, via "Attajdid", l'Administration pénitentiaire de ne pas avoir fourni les soins nécessaires au détenu. Les services de Mohamed Abdennabaoui, pour leur part, n'ont pas lésiné sur les détails en annonçant le décès du chef d' "Assirat Al Mostaqim". Ils indiquent que Zakaria Miloudi avait succombé à une crise d'asthme aiguë après avoir été transféré aux services des urgences de l'hôpital Idrissi à Kénitra. Et cette précision qu'il a, depuis son incarcération à Kénitra, bénéficié de pas moins de 60 examens assurés par des spécialistes et dont le dernier remonte au 10 octobre 2006. Pour sa part, le Parquet a ordonné une autopsie et l'ouverture d'une enquête. Zakaria Miloudi nous a quittés pour l'autre monde et l'éternité. Il "rejoint" ainsi les victimes de son groupe terroriste et notamment Fouad Kerdoudi, mort sous les jets de pierres d'une horde de quinze intégristes menés par le même Zakaria Miloudi. C'était début 2002, un jour qui coïncidait avec la fête du sacrifice et la lapidation de Fouad Kerdoudi avait été précédée par une fatwa édictée par Zakaria Miloudi. Ce dernier avait été arrêté un mois plus tard. Le 19 août 2003, il a été condamné à la prison à vie pour avoir participé à la préparation des attentats de Casablanca et surtout ses relations avec des kamikazes dont Mohamed Omari. Scolarité interrompue à l'adolescence, Zakaria Miloudi, né en 1970, s'ennuyait ferme à Douar Skouila. Pour s'occuper, et aider une famille nombreuse et démunie, il s'essaie à la mécanique. Sans résultat. Puis à la menuiserie quand il n'exerce pas l'activité de marchand ambulant. Sans diplôme et la moindre qualification professionnelle, il finit par se faire prendre dans les filets du salafisme belliqueux et apprend les rudiments d'une littérature qui rend licite le fait d'égorger et de dépouiller les "mécréants", les "débauchés", les juifs, enfin presque tout ce qui ne ressemble pas à la galaxie des salafistes à l'image de Zakaria Miloudi. Du renfort, il en trouvera auprès de Youssef Fikri. Une sorte de joint-venture est conclue entre "Attakfir Wal Hijra" et "Assirat Al Mostaqim". Les membres des deux groupes allaient alors imposer leur loi dans les zones périphériques de Casablanca et même au-delà. Youssef Fikri et ses acolytes, ayant assassiné à Youssoufia et Nador des "débauchés", apportent leur sinistre "savoir-faire" et massacrent un jeune notaire enlevé avant d'être mis à mort à Aïn Harrouda. Zakaria Miloudi et ses troupes, eux, pourchassaient la "débauche" dans les bidonvilles de la capitale économique. Les membres des deux groupes, après un procès marathonien, seront condamnés à des peines qualifiées de "lourdes" et dont beaucoup de condamnations à mort. Aujourd'hui, avec le décès de Zakaria Miloudi, c'est une autre figure de l'islamisme radical marocain qui s'en va. Il n'a pas encore été, aux dernières informations disponibles jeudi en après-midi, enterré. Lui, qui devait rêver des dizaines de vierges dans l'au-delà, devrait répondre, une deuxième fois, des méfaits dont il a été l'auteur au nom d'une vision étriquée de l'Islam.