La «charte nationale» ou «islamique» proposée par la Jamaâ voulait définir les «grandes lignes du régime politique capable de remporter l'adhésion et la confiance des Marocains». Al Adl Wal Ihssane s'invite aux élections de 2007 après avoir raté la Qawma de 2006. Les adeptes d'Abdeslam Yassine avaient nourri le rêve de voir se réaliser les visions de leur gourou. Peine perdue. La Jamaâ, au sommet, ne poursuivait pas une telle fin. Lasse de longues années d'opposition à l'ombre, elle voulait une sortie honorable qui passerait par des négociations avec les autorités. Ces dernières, malgré les appels du pied de quelques leaders, n'ont pas été chaudes pour une telle entreprise. La dernière manifestation de la volonté d'Al Adl de négocier était l'appel lancé, à la mi-décembre 2006, par Abdelouahed Moutawakkil, responsable de l'aile politique de la Jamaâ. Ce dernier avait appelé à une «alliance nationale» ou «islamique» pour «sauver le Maroc». Al Adl jugeait qu'il était temps de mettre fin à ce que Abdelouahed Moutawakkil appelle les «batailles marginales» pour s'attaquer au plus important : «la lutte pour la réforme et le changement». La «charte nationale» ou «islamique» proposée par la Jamaâ voulait définir les «grandes lignes du régime politique capable de remporter l'adhésion et la confiance des Marocains». Un véritable programme politique pour une «association» qui jure ses grands dieux qu'elle n'a pas d'ambitions politiques. L'appel d'Al Adl Wal Ihssane n'a pas été suivi d'effet. D'où le mot d'ordre de relancer ses activités, en prolongement, sous d'autres formes, des fameuses portes ouvertes organisées pendant plusieurs mois en 2006. Al Adl Wal Ihssane, qui n'a plus rien à perdre, vise à maintenir la tension et a affirmé que le PJD ne saurait accaparer l'action politique au nom de l'Islam. La Jamaâ a réussi à monopoliser les universités en chassant les derniers bastions de la gauche, mais également en restreignant la marge d'intervention des étudiants du PJD. Les adeptes d'Abdeslam Yassine, pour la période qui nous sépare des élections du 7 septembre, voudraient adresser deux messages aux autorités et au PJD, ceux qu'ils qualifient de «traîtres» et d'«islamistes makhzénisés». Signifier aux premières qu'Al Adl, «intégrée» ou pas est toujours là et qu'il faut compter avec les frères et sœurs de Nadia Yassine. Et dire aux amis de Saâd Eddine El Othmani qu'ils n'ont pas l'apanage de se mouvoir au nom de l'Islam. De toutes les manières, Al Adl veut perpétuer sa mainmise sur les mosquées et laisser, momentanément ?, le PJD terminer l'expérience de la main tendue aux autorités. Quitte à subir les conséquences de centaines de poursuites et d'autant d'arrestations.