Dos au mur, Al Adl Wal Ihssane appelle tous les acteurs politiques à une "alliance nationale" ou "islamique". Cet appel a été lancé à l'issue des travaux de la onzième session du cercle politique de la Jamaâ. Las de faire de l'opposition dans les mosquées et dans la rue, Al Adl Wal Ihssane serait à la recherche d'une "intégration", en bonne et due forme, dans le champ politique national. C'est la lecture que l'on peut faire de la dernière sortie de la Jamaâ, à l'issue des travaux de la onzième session de son cercle politique que préside Abdelouahed Moutawakkil. C'est ce dernier qui a signé l'appel à une "alliance nationale" ou "islamique" pour "sauver le Maroc". Pour lui, cet appel est destiné à toutes les bonnes volontés, les politiques et le reste des acteurs, pour arrêter de disperser les efforts dans des "batailles marginales" qui occultent le plus important : la "lutte pour la réforme et le changement". Pour le responsable de l'aile politique d'Al Adl Wal Ihssane, il est temps de constituer un "grand front pour arrêter l'hémorragie" et sauver la "dignité" du pays bafouée par le libéralisme, la mondialisation sauvage et une privatisation excessive. La "charte nationale" ou "islamique" voulue par la Jamaâ devra définir les "grandes lignes du régime politique capable de remporter l'adhésion et la confiance des Marocains". «N'est-ce pas l'essence même de la démocratie ?», s'interroge le responsable adliste dans cet appel lu lors du conclave du cercle politique à Salé, les 9 et 10 décembre 2006. A qui est destiné l'appel d'Al Adl Wal Ihssane ? Le texte lu par Abdelouahed Moutawakkil ne donne aucune précision sauf ce fait que l'invite de la Jamaâ est adressée "aux cœurs et à la raison" de tous les "Marocains soucieux de l'avenir de leur pays". Al Adl Wal Ihssane, qui serait à la recherche d'une place au soleil, manie également la menace. Dans le communiqué sanctionnant les travaux de leur cercle politique, ses responsables semblent répondre aux dernières sorties médiatiques du ministre de l'Intérieur. Ils fustigent le "vrai visage des prétendus défenseurs de la démocratie et des droits de l'Homme" en relation avec les événements qui ont accompagné notamment le lancement des "journées portes ouvertes" d'Al Adl Wal Ihssane et le nombre d'arrestations et de procès qui en avaient découlé. La Jamaâ affirme, dans ce sens, qu'elle allait persévérer dans l'organisation de ses activités malgré l'interdiction. L'appel d'Al Adl Wal Ihssane, à près d'une année des élections législatives, pourrait avoir été précipité par le bouillonnement que vit la Jamaâ depuis la détérioration de l'état de santé de son guide, Abdeslam Yassine. C'est cette nouvelle donne qui remet également sur le tapis la succession de Yassine et le devenir de toute l'association.