Les invitations à la «coordination» adressées à Al Adl Wal Ihssane se multiplient de la part du Mouvement unicité et réforme à l'approche des élections communales. Depuis que le Parti de la justice et du développement (PJD) a créé son propre journal (Al Adala Wa Attanmiya), le quotidien Attajdid qui faisait office de porte-parole de la formation islamiste semble avoir adopté une nouvelle politique éditoriale. Libéré de la contrainte d'être au service du PJD, il est devenu plus ouvert aux autres tendances islamistes. Organe de presse du Mouvement unicité et réforme (MUR)- support idéologique du PJD -, il ne se cantonne plus dans la posture classique de défense des intérêts du parti et de son droit d'exister dans le paysage islamiste marocain. Aujourd'hui, la conjoncture politique ayant changé, il lui a été attribué une autre mission : œuvrer au rapprochement entre les différentes composantes de l'islamisme marocain. Les élections législatives du 7 septembre 2007 ont démontré les limites électorales du PJD et l'impossibilité «technique» pour lui d'aller au-delà de ce qui a été réalisé, une alliance avec d'autres mouvements devient un besoin vital. Dans son édition d'hier lundi 7 avril, Attajdid lance, à nouveau, un appel à la conjugaison des efforts afin de s'imposer en tant qu'acteur politique majeur. «Pourquoi la coordination entre les composantes de la mouvance islamiste marocaine sur les affaires nationales est-elle faible ? », s'interroge le journal dans un article publié dans le cadre d'un dossier consacré à cette question. Le message principal véhiculé par le dossier est le suivant : si les mouvements islamistes sont incapables de coordonner entre eux dans les affaires internes comme ils le font dans les affaires de la Oumma islamique, c'est parce qu'ils se sont fait piéger par «une politique de l'Etat visant à les séparer les uns des autres». Illustré par une photomontage regroupant le leader d'Al Adl Wal Ihssane, Abdessalam Yassine, le président du MUR, Mohamed Hamdaoui, et l'ancien président et véritable leader du Mur, Ahmed Raïssouni, le dossier comprend aussi une analyse dont l'auteur estime que la mouvance islamique a intérêt à réunir ses forces. «Il serait plus bénéfique aux mouvements islamistes de ne plus être occupés que par leurs propres intérêts (…) et de comprendre que le changement de l'attitude des autorités vis-à-vis de la mouvance islamiste n'est pas lié à sa nature et à son rôle…», indique l'auteur avant d'appeler tous les mouvements à concentrer leurs efforts sur «l'avenir politique du Maroc». Le quotidien rappelle, pour conforter la légitimité de son appel à peine camouflé à l'union, que les principes fondateurs de l'idéologie d'Al Adl Wal Ihssane et du MUR sont identiques. «Même si l'on observe des différences en ce qui concerne les plates-formes idéologiques et les positions des différents mouvements, on remarque que Al Adl a pour principe le verset coranique : «Allah commande l'équité, la bienfaisance» et le Mur a pour principe : «Je ne veux que la réforme, autant que je le puis». «Leurs références offrent donc une grande possibilité pour élargir le cercle de leur coordination», explique l'article d'Attajdid. Le rapprochement entre le Mur et Al Adl Wal Ihssane est-il devenu aussi urgent pour que le message soit lancé aussi clairement ? le fait que l'on soit à quelques mois des élections communales explique, peut-être, tout cet empressement de la part des tuteurs idéologiques du PJD.