L'organe de presse proche du PJD a publié un article très critique envers l'organisation du mouvement d'Al Adl Wa Al Ihssan et les comportements de son chef. Eclairage. Le tour de chauffe préélectoral semble avoir déjà commencé. Chez les uns et chez les autres on fourbit les armes et on se prépare à organiser les charges. Les islamistes marocains ne sont pas en reste. Mais contre toute attente les premières passes d'armes se déroulent entre eux. C'est le quotidien Attajdid, porte-voix de l'assiciation Al Islah Wa Tawhid proche du Parti de la justice et du développement (PJD), qui passe à l'offensive dans son édition du mardi. Dans l'une de ses pages internes, le journal déclenche les hostilités contre Al Adl Wa Al Ihssan et principalement contre son «leader spirituel». Les critiques ont beau être implicites et couverts, le ton est ferme et les accusations contre Abdessalam Yassine sont à peine voilées. L'auteur de l'article reproche, en effet, au Morshid de la Jamaâ «la place centrale qu'il occupe dans la structure et dans la prise de décision». Il met en cause les prérogatives dévolues au chef d'Al Adl Wa Al Ihssan dans l'érosion de la force de cette association. L'article appelle ouvertement les listes à opérer une autocritique et à ouvrir le chantier de la réforme. L'auteur, qui se base dans sa critique sur les livres de A. Yassine «Al Minhaj Annabaoui» et «Al Ihssan», passe au crible l'organisation du mouvement en fustigeant le fait que le Morshid puisse, à lui seul et sans en référer à aucune structure interne, nommer et révoquer les membres du mouvement ainsi que disposer des finances de l'association. L'allusion au fonctionnement «normal» et «démocratique» d'Al Islah Wa Tawhid est évidente, puisque cette dernière organise des élections régulières afin d'élire ses instances dirigeantes. A ce niveau, le référentiel est donc différent. L'organe proche du PJD enfonce le clou en stigmatisant la sacralisation de la personne de Yassine de la part des membres d'Al Adl Wa Al Ihssan qui dégénère le plus souvent en un culte de la personnalité et ce à travers la recherche de la bénédiction (attabarouk) en touchant ses effets personnels et en accrochant ses photos sur les murs de leurs maisons. D'ailleurs, plusieurs membres de Majliss Achoura ont donné l'exemple en adoptant de telles pratiques. Cette sortie d'Attajdid vient confirmer l'existence de certains tiraillements au sein du PJD concernant la position à adopter envers le mouvement d'Abde-ssalam Yassine. Si Benkirane et Raissouni sont connus pour être des adeptes de ligne légaliste insistant sur l'aspect moderniste et démocratique de leur mouvement, d'autres dirigeants du PJD, comme Mustapha Ramid, sont réputés être proche dogmatiquement de la Jamaâ. L'article publié par l'organe islamiste peut être considéré comme une tentative de démarcation par rapport à l'aspect mystique et les apparences de secte que revêt Al Adl Wa Al Ihssan. L'événement fera certainement date.