Prévue initialement pour deux ans puis ramenée à 19 mois, la période de transition en Mauritanie s'achèvera par une élection présidentielle prévue le 25 mars prochain. Cette consultation dessinera plus nettement l'orientation politique du pays. Le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), piloté par le colonel Mohamed Ely Ould Mohamed Vall, a écourté de cinq mois la période de transition. Cette sage décision a été prise pour permettre à la Mauritanie d'engager un véritable processus démocratique et accélérer le retour à une vie constitutionnelle normale dans ce pays dont l'histoire politique a été marquée par de nombreux coups d'Etat et des élections contestées pour fraude massive. Il s'agit d'une rupture et d'un tournant historique. Tous les ingrédients, estiment analystes et observateurs, sont réunis pour permettre un bon déroulement des présidentielles de mars prochain et ouvrir la voie au retour des civils aux affaires. Ainsi, prendra fin la transition dirigée par la junte qui a déposé en août 2005 l'ex-président Moaouiya Ould Taya, lui-même arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat en 1984. Parmi les candidats qui seront en lice, le chef du Rassemblement pour la démocratie (RDF-ex-opposition), Ahmed Ould Daddah, demi-frère du premier président mauritanien Mokhtar Ould Daddah (1960-1978), semblerait pour l'instant le mieux placé. Il aura en face de lui l'indépendant Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui bénéficierait, semble-t-il, du soutien de la junte dont les membres se sont engagés à ne pas se présenter. Un autre candidat et non des moindres, vient également d'annoncer son intention d'entrer en lice pour briguer le fauteuil présidentiel. Il s'agit de l'ancien chef de l'Etat mauritanien Mohamed Khouna Ould Haidalla (1980-1984). Arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat en janvier 1980, Ould Haidalla avait été renversé en décembre 1984 par Moaouiya Ould Taya (1984-2005), dont il est ensuite devenu l'adversaire politique, arrivant notamment deuxième aux présidentielles de novembre 2003. Les résultats des élections présidentielles de mars prochain seront décisifs pour déterminer les alliances dans ce pays qui vient de prouver qu'il était capable d'organiser des élections transparentes. Reste à savoir quel président sortira des urnes au soir du 25 mars 2007.