"L'autre dimension" est le titre de la série fantastique produite et co-réalisée par Mohamed Kaghat. Cette œuvre télévisuelle sera diffusée chaque mercredi sur 2M. Entretien. ALM : Vous venez de réaliser onze épisodes de la série fantastique «L'autre dimension». Vous êtes-vous inspiré du feuilleton américain du même style intitulé «X Files » ? Mohamed Kaghat : L'inspiration ne provient pas particulièrement de «X files». Je suis un grand consommateur de films fantastiques étrangers. C'est un style qui me plait beaucoup et j'ai eu envie de réaliser du fantastique marocain. Nous avons très peu de films qui s'y intéressent, j'ai voulu faire le premier pas étant donné que c'est un domaine qui me passionne. Je suis diplômé en images de synthèse et la 3D est mon dada. Toutes ces raisons m'ont poussé à m'aventurer sur une voie encore inexplorée au Maroc. Quelles ont été les difficultés rencontrées durant la préparation de cette série ? J'aimerais tout d'abord préciser que «L'autre dimension» comporte 24 épisodes. Pour l'instant seuls onze sont bouclés. Le reste des épisodes sera réalisé avec l'aide d'autres réalisateurs après le mois de Ramadan. Un seul épisode a demandé deux mois de post-production. C'est un travail de longue haleine, réalisé totalement en numérique. Comment avez-vous procédé pour la direction des comédiens qui ne sont pas habitués à ce genre de films ? Cela n'a pas été facile. J'ai fais exprès d'appeler des comédiens jeunes qui travaillent pour la première fois sur ce style fantastique pour qu'ils comprennent mon style de travail. Au début ils ont été sceptiques. Ils avaient peur, mais ils ont vite fait de s'habituer. Ils m'ont fait confiance et ils ont aussi compris qu'ils n'étaient pas obligés de faire un effort supplémentaire vu que la technique leur supplée. Pendant le tournage, certaines scènes de la série ont été répétées plusieurs fois. Pourquoi ? Les comédiens ne savaient pas comment est-ce qu'ils allaient se prendre avec ce nouveau genre de films. Pour cette raison, ils étaient hésitants au départ, mais finalement le résultat a été très probant. Nos acteurs ont pas mal de potentialités et je leur ai fait confiance.
La série regorge d'effets visuels. Avons-nous au Maroc les moyens techniques suffisants pour de telles réalisations ? Nous avons la technique. Le problème c'est qu'elle n'est pas utilisée à bon escient. Lorsqu'on analyse par exemple les effets spéciaux employés dans certaines fictions, on a l'impression qu'ils sont parachutés et qu'ils n'ont aucun lien avec le scénario. Voulez-vous dire par là qu'il y a une écriture spéciale pour les films fantastiques ? Absolument. On n'écrit pas un comique de la même manière qu'on écrit un drame. C'est le cas aussi pour le film fantastique. C'est pour cette raison que nous avons organisé des ateliers d'écriture spécialement pour cette série. Lorsque j'ai déposé le projet à 2M, j'ai bien précisé que je n'allais pas avoir le monopole, je m'occupe donc de la production exécutive et de la réalisation de quelques épisodes. Pour l'écriture, nous avons fait appel à plusieurs scénaristes qui se sont chacun penché sur le sujet de la série. Au départ, ils étaient une vingtaine, et à la fin nous avons à peine sélectionné six personnes. La musique de la série ne risque -t-elle pas d'être redondante ? C'est vrai que la bande son est la même pour tous les épisodes, mais c'est voulu. Nous avons voulu travailler sur une base. Les bruitages sont par contre différents. En fonction de chaque situation différente, il y a un bruitage spécial. Pensez-vous qu'il y a un public pour le film fantastique au Maroc ? Je pense que le spectateur marocain aime le fantastique. Pour les préparer à l'aimer davantage, j'ai choisi de faire un mélange de comique, de drame et de fantastique.