Les rêves des candidats à l'émigration clandestine, Jamal les transformait en source de revenus pour lui. Il a fini par se faire prendre. Actuellement, il est derrière les barreaux de la prison d'Oukacha. «Allo ! Jamal déjeune chez moi en ce moment». C'est par cette phrase qu'Abdellah a alerté par téléphone la police de Casablanca. Les agents attendaient impatiemment cet appel afin de mettre en marche leur fourgon. La police avait demandé à Abdellah de coopérer en vue de mettre Jamal hors d'état de nuire. Destination : Derb Ghallef où demeure Abdellah. Quelques minutes plus tard, les agents frappent à la porte. Abdellah ouvre, puis appelle : «Jamal, quelqu'un veut te voir ». Jamal qui sirotait son verre de thé, était étonné. Qui est venu le voir ? Qui savait qu'il était au domicile de Abdellah ? Personne… sauf, la police ! Jamal venait d'achever son déjeuner et s'apprêtait à prendre son verre de thé lorsqu'il s'est levé pour aller à la porte. Face à lui, trois hommes qui le regardaient. «Qui êtes-vous ?» «Police, veuillez nous suivre !», lui ordonne l'un des trois agents. Jamal a suivi leurs pas jusqu'au fourgon. «Je n'ai rien fait pour que vous m'arrêtiez », balbutie-t-il sous le coup du choc qu'il n'a pas encore encaissé. Cependant, les agents le conduisent au commissariat. Au bureau, ils entament son interrogatoire. Au cours de celui-ci, il ne cesse de clamer son innocence: «Non, je n'ai escroqué personne». Une fouille corporelle a permis de trouver sur lui un chèque bancaire d'un montant de trois mille dirhams, signé au porteur. «À qui appartient ce chèque?», lui demande un policier. Jamal affirme qu'il lui a été remis par un journalier comme garantie contre une somme d'argent qu'il lui avait prêtée. En apprenant qu'il dispose de deux comptes bancaires, les enquêteurs ont demandé ses relevés. En les examinant, ils ont remarqué que durant une semaine, il a versé une première somme de 60 mille dirhams et une deuxième de 20 mille dirhams. La semaine suivante, il a versé une autre somme de 30 mille dirhams. «Quelle est ta profession ?», lui demande l'un des enquêteurs. Réponse catégorique : «Je ne travaille pas». Comment aurait-il décroché de tels montants ? Pressé de répondre, il finit par passer à table. Il reconnaît bel et bien être escroc. Il déplumait sans pitié ses victimes, tous des rêveurs de l'Eldorado. Il ne renonçait jamais à profiter de leur obsession d'émigrer vers les pays européens. Sans emploi, Jamal, la trentaine, a pensé profiter du désespoir des candidats à l'émigration clandestine. Au départ, il a fait la propagande faisant croire qu'il a une relation avec une personne bien placée dans l'administration à Rabat. Cette relation lui permettrait de faciliter la tâche aux candidats à l'émigration. Bref, il a prétendu avoir la possibilité d'obtenir facilement un visa. Latifa est l'une des victimes qui ont frappé à sa porte lorsqu'elle a appris qu'il pouvait lui ouvrir les horizons de l'Europe. Latifa, qui a été expulsée de l'école alors qu'elle était en septième année fondamentale, lui a demandé de l'aider à avoir un visa. «Tu es encore jeune et je dois rencontrer tes parents», lui a-t-il dit. Latifa a accepté. ` À ses parents, Jamal a réclamé 110 mille dirhams. Un montant qui dépasse l'imagination. Latifa a insisté : «C'est une occasion à ne pas rater». La solution ? Son père a vendu un lot de terrain qu'il avait hérité. Et il a remis la bagatelle à Jamal. Mais ce dernier n'a pas tenu sa promesse. Et la famille de Latifa a réalisé que ses millions se sont évaporés. Alors que Jamal leur a tourné le dos pour « se consacrer » à d'autres victimes. Trente mille, vingt mille, dix mille et d'autres milliers de dirhams, les sommes variaient selon les victimes, une dizaine au total. Les personnes escroquées ont fini par porter plaintes contre lui. Seulement, il a eu le temps de disparaître avant de se faire prendre. Il aura fallu lui tendre un piège pour le retrouver. Reste une question : d'où venait le chèque que la police avait trouvé sur lui d'un montant de 3 mille dirhams ? Il l'a tout simplement volé à un ami à lui. Jamal a été traduit devant la justice.