Sans profession, Jamal a choisi de profiter des rêves des candidats à l'immigration pour leur offrir ses services contre d'importantes sommes d'argent. Il a déplumé une dizaine de victimes avant d'être arrêté. “Allo ! Jamal déjeune maintenant chez nous“. C'est la seule phrase que Mohamed a lancée au téléphone pour alerter les éléments de la police judiciaire à Kasbat Tadla. Ils attendaient cet appel téléphonique pour mettre leur fourgon en marche et aller à destination de la demeure de la personne qui les a appelés. Quelques minutes plus tard, ils ont frappé à la porte. Un jeune homme leur a ouvert avant d'appeler “Jamal, quelqu'un t'attend à la porte“. Jamal qui sirotait du thé s'est étonné. Qui l'attendait? Qui sait qu'il déjeunait chez Mohamed ? Il a rejoint ce dernier au seuil de la demeure et s'est planté devant les trois hommes qui l'attendaient. “Police, viens avec nous“, lui ordonne l'un des trois limiers. Jamal est monté dans le fourgon en leur compagnie tout en exprimant son étonnement. “Quelle est mon accusation?”, leur demande-t-il avant d'arriver au commissariat. Avec patience, les limiers n'ont rien répondu avant de le conduire dans leur bureau. Ils lui ont demandé de s'asseoir et ont entamé leur interrogatoire. Il a clamé son innocence. “Non, je ne l'ai pas escroqué“, leur affirme-t-il. Une fouille corporelle leur a permis de trouver sur lui un chèque bancaire portant une somme de trois mille dirhams, signé au porteur. “À qui appartient ce chèque“, lui a demandé le policier. Il lui a répondu qu'il appartenait à un enseignant. Ce dernier le lui a remis comme garantie contre une somme d'argent qu'il lui avait prêtée. Informant le procureur du Roi près le tribunal de première instance près de Kasbat Tadla de l'arrestation de Jamal et de son inculpation, ils ont demandé son autorisation d'examiner son compte bancaire. Les instructions ont été données et les limiers ont entre leurs mains les relevés bancaires du mis en cause. Durant une semaine, il a versé une première somme de 60 mille dirhams dans son compte et une deuxième somme de 20 mille dirhams. La semaine suivante, il y a versé une somme de 30 mille dirhams. “Quelle est ta profession ?”, lui demande le chef de la brigade. Sa réponse était catégorique : Il ne travaille pas. D'où lui sont arrivées ces sommes d'argent? La question est pertinente. Jamal garde le silence. Pourquoi? Il n'a rien à répondre que dire la vérité. Et il est passé à table. Il est bel et bien escroc. Il déplumait sans pitié les rêveurs de l'Eldorado. Il ne renonçait jamais à profiter de leur obsession d'émigrer vers les pays européens et de leur naïveté. Sans emploi fixe, Jamal, la trentaine, a pensé profiter de la situation des candidats à l'émigration clandestine. Au départ, il a lancé la rumeur d'avoir une relation avec une personne bien placée dans l'administration à Rabat. Cette relation lui permet de faciliter la tâche aux candidats à l'émigration. Bref, il a la possibilité de leur obtenir facilement un visa. Hasna est l'une de ses victimes qui a frappé à sa porte lorsqu'elle a entendu que Jamal pouvait lui ouvrir les horizons de l'Europe. Cette fille qui a été expulsée de l'école au niveau de la septième année d'enseignement fondamental l'a rejoint pour lui demander de lui faciliter l'obtention d'un visa. “Tu es encore jeune et je dois rencontrer tes parents“, lui demande-t-il. Hasna a accepté et jamal a rencontré ses parents. Il leur a réclamé une somme de 110 mille dirhams. Une somme qui dépasse leur imagination et dont ils ne disposent pas. Hasna a insisté. “C'est une occasion à ne pas rater“, pense-t-elle. La solution ? Son père a cédé enfin à son rêve. Il a vendu un lot de terrain qu'il avait hérité de ses parents. Et il a remis de 110 mille dirhams à Jamal. Au fil du temps, ce dernier n'a pas tenu sa promesse. Et la famille de Hasna s'est convaincue que ses millions se sont évaporés. Alors que Jamal leur a tourné le dos pour se consacrer à d'autres victimes. Trente mille dirhams, vingt mille dirhams, dix mille dirhams et d'autres milliers de dirhams qu'il a empochés d'une dizaine de victimes. Mais sans qu'il tienne ses promesses. Ses victimes ont porté des plaintes contre lui. Seulement, il a disparu. Il fallait attendre le piège que lui avait tendu les limiers chargés de l'affaire en connivence avec l'une de ses victimes pour le mettre dans leurs filets. Et le chèque qu'ils ont trouvé sur lui qui portait trois mille dirhams ? Il l'a subtilisé à un enseignement qui vient de regagner Kasbat Tadla et avec lequel il a entretenu une relation amicale. Jamal est traduit devant la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Kasbat Tadla poursuivi pour escroquerie et falsification de chèque.