Les échéances électorales approchent et bousculent les partis politiques. La mise en place du dispositif juridique pour les futures consultations fait l'objet de vives tractations. «C'est au gouvernement Youssoufi de prendre ses responsabilités et surtout une décision politique ». La remarque émane d'un ministre de la majorité et elle a les accents d'une mise en garde. Décrypté, et plus tard dans la conversation, l'avertissement signifie que la transparence et l'honnêteté des prochaines élections se mesureront à l'aune de la volonté et de l'engagement du Premier ministre, Abderrahamane Youssoufi. Et ce même responsable gouvernemental de rappeler, un brin perfide, la déclaration gouvernementale prononcée en avril 1998 sous la coupole, et dans laquelle le chef de l'Exécutif s'engageait à veiller à l'organisation d'élections sincères et ce par la mise en place d'instruments et de mesures nécessaires. A dix mois des élections, la loi électorale est toujours l'objet de tractations. Le mode de scrutin et sa réforme sont toujours en ballottage. Et un changement de ministre de l'iIntérieur plus tard, le gouvernement dit d'alternance est plus aphone que jamais, … Depuis un peu plus de six mois, les quatre partis formant la Koutla (USFP, Istiqlal, PPS et OADP) ont dégagé, au terme travaux d'une commission du Bloc Démocratique, une position commune. Le scrutin de liste à la proportionnelle. « Un tel scrutin permet d'abord de lutter contre l'utilisation de l'argent et l'achat des conscience. Il a également l'avantage de permettre la politisation des masses et de garantir l'équité démocratique », explique un dirigeant battant pavillon Koutla. La Koutla n'est pas seule à donner de la voix pour se faire l'avocat de la proportionnelle. Le PSD de Aïssa Ouardighi et le PJD de Aïssa Ouardighi défendent également un tel mode de scrutin. « Les petits partis y ont tout à gagner sur le plan de la représentativité », relève un constitutionnaliste. En la matière, tous les partis de la majorité ne jouent pas la même partition. Le Front des Forces Démocratiques aux destinées duquel préside le ministre de la santé Thami Khyari a marqué sa préférence pour un scrutin uninominal à deux tours. Le Rassemblement National des indépendants, lui, revendique le maintien de l'actuel mode de scrutin. Dimanche, une délégation du Bureau exécutif du RNI rencontrait les dirigeants de l'USFP. « La réunion s'est déroulée dans une bonne ambiance. Nous avons défendu jusqu'au bout notre thèse et insisté sur la nécessaire mise en place des mesures d'accompagnement. Le choix du mode de scrutin doit être dicté par des choses concrètes et non à partir d'une vision académique. Notre objectif au rassemblement concerne précisément l'après-élections avec l'émergence d'une carte claire et un gouvernement majoritaire », nous a déclaré un responsable du RNI ayant assisté à la rencontre. D'ailleurs, une commission bilatérale USFP-RNI a été constituée et elle sera chargée d'approfondir les différentes propositions de mesures d'accompagnement. Du côté du Wifaq, il n'y a apparemment pas de décision commune définitivement arrêtée. Si le Mouvement Populaire s'est dit en faveur du scrutin uninominal à un tour, le PND que dirige Abdallah Kadiri est partisan du scrutin par liste. Rien n'est en fait encore décidé, même si certains hauts responsables laissent indiquer que l'on s'acheminerait vers le maintien de l'actuel mode de scrutin mais qui serait « accompagné de l'adoption du bulletin unique, de la généralisation de la C.I.N et du renforcement des sanctions en cas de fraude ». En attendant, la troïka ministérielle chargée de la réforme de la loi électorale (Intérieur, Justice et Secrétariat général du gouvernement) multiplie les rencontres avec les chefs de file de la majorité.