La plus haute instance juridique d'Espagne a accordé la liberté sous caution au chef du parti séparatiste basque interdit “Batasuna“, Arnaldo Otegi. Une décision prise dans la foulée de la récente proclamation par l'ETA d'un cessez-le-feu permanent. Malgré le cessez-le-feu annoncé par l'ETA, Arnaldo Otegi, le chef de file du parti indépendantiste basque, Batasuna, n'échappe pas à la justice. La plus haute instance juridique d'Espagne a fixé, mercredi, la caution pour lui accorder la liberté provisoire à 250.000 euros. Le juge espagnol de l'Audience nationale - la plus haute juridiction pénale espagnole – Fernando Grande-Marlaska a décidé, mercredi soir à Madrid, de placer le dirigeant basque en détention préventive jusqu'au paiement de sa caution. Cela signifie un relâchement de l'étau judiciaire autour de Batasuna, puisqu'Otegi était passible de la prison inconditionnelle. Le porte-parole du parti indépendantiste basque est soupçonné d'être à l'origine de 108 actes de violence - dont deux attentats de l'ETA commis le 9 mars lors d'une grève générale au Pays basque. Le journal "El Periodico de Catalunya" estime que cette décision «facilite le processus ouvert par l'annonce de l'ETA» tout en garantissant l'application de la loi. Cet ordre d'incarcération ne va pas jusqu'à une inculpation officielle d'Otegi, mais l'accuse d'adhésion à un groupe armé et d'avoir causé ou incité des actions collectives, troublé l'ordre public et causé des dégâts lors de la grève. Selon l'agence de presse nationale Efe, Otegi a refusé de témoigner devant le juge Grande-Marlaska et s'est dissocié de la grève du 9 mars. Otegi, dont le parti est considéré comme la vitrine politique d'ETA, a été arrêté en mai 2005 pour son appartenance présumée à la direction du mouvement terroriste, mais il a été remis en liberté sous caution de 400.000 euros. Otegi a déjà passé trois ans en prison à partir de 1989 pour son rôle dans des enlèvements perpétrés par ETA. Le parquet a, en outre, requis une peine de 15 mois de prison contre lui pour apologie de terrorisme. Outre les 250.000 euros exigés pour la libération conditionnelle d'Otegi, le juge d'instruction a fixé des cautions de 200.000 euros pour les libérations du responsable de la Communication de Batasuna, Juan José Petrikorena, et le militant basque Juan Maria Olano. Le juge Grande-Marlaska avait envoyé Petrikorena et Olano en prison préventive les 15 et 16 mars, sans possibilité de libération sous caution, conformément aux réquisitions du Parquet. Il a changé d'avis mercredi et fixé des cautions. Le Parquet, qui avait annoncé qu'il demanderait la prison inconditionnelle contre Otegi, s'est lui aussi ravisé à la lumière de la nouvelle donne créée par le cessez-le-feu permanent de l'ETA, amorce d'un processus de paix. Une incarcération d'Otegi avait par avance été dénoncée comme «inacceptable» par son parti, interdit en Espagne en raison de ses liens avec l'organisation indépendantiste armée. Batasuna, la vitrine de l'ETA Batasuna est un parti indépendantiste basque de gauche, proche des mouvances marxistes et libertaires. Le terme batasuna signifie unité en basque. Le gouvernement espagnol le déclare illégal, en 2003, pour ses liens avec le groupe armé indépendantiste ETA. On lui reproche notamment de ne pas condamner les attentats de cette organisation terroriste. Ce parti se défend en arguant du fait qu'il est stérile et hypocrite de ne condamner qu'une seule forme de violence, celle de l'ETA, sans condamner toutes les autres formes de violence, y compris gouvernementale. Ce parti a, depuis sa fondation, changé plusieurs fois de nom : Herri Batasuna, Euskal Herritarrok, Sozialista Abertzaleak, Ezker Abertzaleak, AUB, Aukera Guztiak, EHAK-PCTV, parti communiste des terres basques. Sous cette dernière appellation, Batasuna s'est présenté aux élections autonomiques basques en avril 2005, et a obtenu 10 % des voix, loin derrière le parti basque majoritaire, EAJ-PNV, démocratique et non-violent qui obtient plus de 40 % des voix et qui se maintient au pouvoir.