Dans un climat de vif affrontement avec la droite, le chef du gouvernement espagnol a fait lundi son autocritique et appelé à un «grand consensus national» pour répondre «au défi de l'ETA». Le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a publiquement reconnu lundi avoir commis une «erreur» en plaçant sa confiance dans le processus de paix avec l'ETA alors que le groupe séparatiste basque préparait un attentat meurtrier. Au cours d'une intervention solennelle devant le Parlement, le chef du gouvernement socialiste a, toutefois, appelé à un «grand consensus national» pour répondre «au défi de l'ETA». «Ce dont nous avons vraiment besoin en ce moment, c'est de renouveler l'unité démocratique pour faire face au terrorisme. C'est ce que les citoyens réclament, c'est ce que le gouvernement demande», a-t-il déclaré. M. Zapatero a entamé son discours par une autocritique : «même si ce n'est pas une chose courante parmi les responsables publics, je tiens à reconnaître l'erreur évidente que j'ai faite». Il a également réaffirmé que l'attentat de l'ETA avait mis «un point final» au processus de paix avec l'organisation séparatiste qui avait annoncé neuf mois plus tôt un cessez-le-feu permanent. «Jamais, jamais, jamais il n'y aura de dialogue avec la violence», a-t-il martelé. Sous le feu des critiques du Parti populaire - principale formation de l'opposition conservatrice -, José Luis Zapatero a plaidé pour l'unité politique face au terrorisme. Ce à quoi le président de l'opposition conservatrice, Mariano Rajoy, a répondu par une salve de critiques d'une rare virulence. «Une bande de terroristes s'est moquée de vous», lui a-t-il rétorqué, l'accusant de «frivolité». «Vous avez commis l'erreur de croire que la terreur se résout à travers la négociation. Le terrorisme, on le met en déroute ou on le subit. Entre terroristes et démocrates, il n'existe pas de mesures intermédiaires. Dans cette lutte, il y aura des vainqueurs et des perdants», a lancé M. Rajoy. Il a, par ailleurs, accusé M. Zapatero d'être «l'unique responsable du plus grand naufrage collectif en 40 ans de lutte contre l'ETA», en référence à l'attentat meurtrier commis le 30 décembre dernier à l'aéroport de Madrid. Le Premier ministre espagnol a répondu à ces «critiques injustes et intolérables» en rappelant que depuis la transition espagnole vers la démocratie, aucun parti d'opposition n'avait instrumentalisé la lutte antiterroriste à des fins politiques. «Jamais la fin de la violence n'aura de prix politique», a-t-il répliqué à la droite, qui, durant les neuf mois du processus de paix avec l'ETA, l'a accusé d'être prêt à céder aux exigences politiques de cette organisation terroriste. «Jamais on ne pourra négocier en présence de la violence. Mais toujours, tout chef du gouvernement cherchera par tous les moyens possibles à parvenir à la paix, dans le cadre de la Constitution et avec le concours massif de toutes les forces politique», a-t-il affirmé avec force. Batasuna : Otegi sera jugé en mars 2007 Le leader de Batasuna, le bras politique de l'ETA, Arnaldo Otegi sera jugé le 21 mars prochain pour "apologie du terrorisme", indique une source judiciaire. Il encourt une peine maximale de deux ans de prison et risque l'incarcération en cas de condamnation. En effet, le porte-parole de Batasuna, parti interdit en Espagne depuis 2003, a déjà été condamné en novembre 2005 à une peine d'un an de prison pour «outrage au roi» d'Espagne Juan Carlos qu'il avait qualifié en 2003 de «chef des tortionnaires». Il n'avait pas alors été incarcéré car en Espagne la sentence n'est ferme que lorsque la peine ou les peines cumulées prononcées dépassent deux ans. Si l'Audience nationale le condamne à une nouvelle peine supérieure à un an de prison, en mars, à Madrid, il devrai être incarcéré.