Sept villes espagnoles ont été secouées lundi par autant d'explosions. Des actes attribués par le ministre espagnol de l'Intérieur aux séparatistes basques de l'ETA. La nouvelle offensive des indépendantistes basques est interprétée par les observateurs comme étant une série de messages implicites aux autorités espagnoles. Les explosions de faible intensité ont touché, à la mi-journée de lundi, sept villes : Santillana del Mar, sur l'Atlantique, Malaga sur la Méditerranée, en passant par Léon (la ville de José Luis Rodriguez Zapatero ), Valladolid, Avila, Alicante et Ciudad Real, traçant ainsi une ligne nord-sud traversant toute l'Espagne. Bilan : cinq blessés légers et des dégâts matériels peu importants. Plus de peur que de mal en somme. Ces explosions s'ajoutent aux cinq bombes qui ont explosé vendredi dernier dans autant de stations-service provoquant une sorte de panique dans la capitale espagnole. Un engin du même genre, programmé pour exploser aussi lundi, a été désamorcé dimanche à Almeria. Ce qui porte à 15 le nombre total des bombes posées par l'ETA pour saboter les cinq jours de vacances appelés « Le Pont de la Constitution ». Mais il ne faut pas oublier que non seulement chaque bombe ne contenait que 200 grammes d'explosifs mais en plus l'ETA avait téléphoné 50 minutes avant les déflagrations à un journal basque permettant à la police d'évacuer à temps les lieux visés, dont plusieurs cafétérias. Les poseurs de bombes auraient bien pu mettre quelques kilos au lieu de quelques grammes d'explosifs. D'où la déduction des observateurs que les attentats en question n'étaient que des messages. L'ETA semble vouloir montrer qu'elle n'était pas concernée par la Constitution dont l'Espagne célébrait le 26ème anniversaire commémoré chaque 6 décembre. L'organisation basque voulait également montrer qu'elle pouvait frapper où et quand elle veut, malgré la sévère répression que subit l'organisation et les grands coups policiers réussis ces derniers temps. Mais le plus inquiétant des messages, est celui incarné par la nature elle-même de l'offensive. En d'autres termes, si l'ETA voulait noyer l'Espagne dans un nouveau deuil, rien ne pourrait l'en empêcher. Sans les avertissements par téléphone, et sans les charges légères d'explosifs, le massacre aurait été inévitable. Le souvenir des terribles attentats de Madrid du 11 mars dernier (191 morts et 2.000 blessés) n'est pas tout à fait effacé des mémoires. Selon des documents internes à l'ETA, cités par l'agence Vasco Press, l'organisation a spécifiquement décidé, depuis 2003, de frapper «les jours où les oppresseurs de notre peuple organisent des commémorations », comme le jour de la Fête nationale espagnole, le 12 octobre, ou l'anniversaire de la Constitution. « L'ETA sait qu'il n'a pas le choix : l'arrêt de la violence et le dépôt des armes. J'espère que cela arrivera le plus tôt possible », a dit lundi le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero. D'après les analystes de « LatinReporters.com », un collectif de journalistes qui analysent l'actualité latino-américaine et espagnole, ces divers messages implicites des terroristes de l'ETA peuvent se résumer en un seul message adressé au gouvernement socialiste de M. Zapatero, qui s'est déclaré partisan d'un élargissement des autonomies régionales: négociez avec nous le droit des Basques à l'autodétermination et vous aurez la paix. L'on est loin du remarquable coup de filet d'il y a quelques mois, lorsque la police française appuyée par la Garde civile espagnole, avait effectué des perquisitions dans le cadre de l'opération anti-ETA lancée dans sept communes des Pyrénées-Atlantiques. L'ETA demeurera toujours un danger, tant qu'il restera des militants. Si l'organisation paraît depuis quelque temps affaiblie et dépourvue de militants de l'ancienne trempe, il n'en demeure pas moins que ses réseaux de financement sont encore assez puissants pour effectuer des recrutements de jeunes et les équiper.