Comparaissant devant la Commission d'enquête sur les attentats de Madrid, le président du gouvernement espagnol a affirmé l'existence de liens entre les attaques terroristes de Madrid et celles de Casablanca. Le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a comparu, lundi, devant la Commission parlementaire d'enquête chargée de jeter la lumière sur ce qui s'est passé du 11 mars 2004, date des attentats de Madrid, au 14 mars, jour des élections générales qui ont donné la victoire à sa formation politique, le Parti socialiste ouvrire espagnol (PSOE). Durant une séance marathonienne qui a duré plus de quatorze heures, le chef du gouvernement espagnol a répondu aux questions des porte-parole des différents groupes du Congrès des députés (première Chambre du Parlement espagnol) qui se sont succédé par ordre de représentativité au sein du législatif. Durant ses quatorze heures de comparution, le président du gouvernement espagnol a réitéré, à maintes reprises que, selon les conclusions des différents services de sécurité du pays, les attentats terroristes qui ont fait 191 morts à Madrid, le 11 mars, avaient été planifiés et exécutés par des réseaux islamistes et que l'organisation terroriste basque ETA n'a aucun lien avec le massacre des gares madrilènes. Zapatero rejetait ainsi la thèse de l'opposition de droite, selon laquelle l'ETA y'était impliquée. Ainsi, le président de l'exécutif espagnol a accusé "le précédent gouvernement" conservateur de José Maria Aznar d'avoir "entre le 11 et le 14 mars, trompé les citoyens" espagnols en attribuant les attentats à l'ETA et de cacher la vérité pour des intérêts électoraux. "La droite continue à véhiculer cette thèse pour sauver la face politiquement", alors que l'enquête conduit à "la responsabilité exclusive du terrorisme de type islamiste radical", a-t-il répété à maintes reprises lors de sa comparution. S'agissant des véritables auteurs, Zapatero a précisé que "la planification et l'exécution" des attentats de Madrid avaient été réalisées par "ceux-là mêmes" qui ont commis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, d'octobre 2002 à Bali, en Indonésie, de 2003 à Casablanca, au Maroc, et de 2003 à Istanbul, en Turquie. Il s'agit de la première confirmation officielle émanant d'un responsable espagnol sur l'existence de liens effectifs entre les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca et ceux perpétrés dans la capitale espagnole, le 11 mars 2004. Par ailleurs, répondant à une question d'un député du Groupe mixte qui lui demandait comment, selon lui, le gouvernement Aznar a menti aux Espagnols entre le 11 et le 14 mars, Zapatero a répondu que "cela n'avait aucun sens de se demander si l'ancien gouvernement a caché des informations ou s'il les a retardées…c'est plus simple : il a trompé les Espagnols". Dans le cadre de sa réponse à la même question, le président du gouvernement espagnol a dit que "les accusations lancées par José María Aznar et certains organes de presse sur une prétendue connivence de services secrets étrangers , le 11 mars, sont une affirmation déraisonnable". Le chef du gouvernement espagnol se référait ainsi à la thèse qui a été soutenue, notamment, par le quotidien espagnol «El Mundo», il y a quelques semaines, sur instigation du parti populaire (PP) accusant les services secrets marocains d'être impliqués dans les attentats de Madrid. Une thèse ridicule qui n'a trouvé aucun écho chez l'opinion publique espagnole. "Une accusation de telle envergure donne une idée sur jusqu'où peut arriver la machination du délire politique grave", a dit Zapatero. Enfin, le chef de l'exécutif espagnol a saisi cette occasion, pour remercier le Maroc pour sa collaboration exemplaire avec son homologue espagnol dans la lutte antiterroriste et dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Madrid. "Devant le terrorisme international, nous sommes tous des victimes potentielles et pour cela la coopération est indispensable", a-t-il dit. Zapatero a ainsi fait part de sa gratitude aux pays qui collaborent avec l'Espagne dans la lutte contre le terrorisme aussi bien de l'ETA que celui d'origine islamiste, dont le Maroc.