Le risque d'un accident cardiaque augmente au cours ou au décours d'un effort violent. Ces accidents intriguent, frappent comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, car le sport est le symbole de bien-être et de bonne santé. "Quand la légende rencontre l'histoire, c'est la légende qui triomphe". Les propos sont de John Wayne dans “L'homme qui tua liberty Valence”, l'inoubliable film de John Ford. La légende, c'est ce soldat grec Philippides mort après sa course à pied entre Marathon et Athènes en 490 avant Jésus-Christ pour délivrer le message de la victoire sur les Perses. Courir un marathon peut déclencher une série de signes physiques potentiellement à risque pour le coeur, même chez les coureurs en parfaite condition physique. C'est ce que nous apprend une nouvelle étude publiée dans l'American Journal of Cardiology. Les chercheurs ont en effet observé un phénomène de coagulation sanguine survenant 24 heures après la course. Pour leur étude, ils ont suivi un groupe de 80 médecins ayant déjà participé à plusieurs marathons. Les sujets, âgés de 47 ans en moyenne, n'avaient aucun antécédent de tabagisme ou de maladies coronariennes. Ils ont d'abord effectué trois prélèvements sanguins chez les coureurs : le jour précédant la course, quelques heures après la course et le matin suivant. Les chercheurs ont constaté que l'équilibre sanguin est maintenu avant et juste après la course tandis qu'ils ont noté, le matin suivant, un déséquilibre des facteurs de coagulation et d'inflammation reconnus comme déclencheurs de crise cardiaque. L'un des faits troublants de l'étude est survenu lorsque les chercheurs ont pratiqué un test habituellement utilisé dans les salles d'urgence pour détecter les affections cardiaques. Les marqueurs de créatine kinase-MB (une enzyme musculaire) ont indiqué un résultat «positif» tandis que les sujets ne présentaient aucune lésion coronarienne. Une étude antérieure, menée auprès d'un groupe de marathoniens, fait état de ce problème de faux positif dans l'analyse des résultats. Il semble que le taux élevé de créatine kinase-MB résulte de lésions du muscle squelettique et non de lésions du muscle du coeur, puisque les marqueurs de troponines, uniquement détectés dans les cas sévères de crise cardiaque, sont demeurés normaux. En dépit de ces facteurs, aucun accident cardiovasculaire sévère n'est survenu durant ou après le marathon. Les chercheurs croient qu'un taux élevé des facteurs de coagulation et d'inflammation augmente les risques d'accidents cardiovasculaires, mais il doit y avoir un autre signe physique pour déclencher une crise cardiaque, par exemple, la présence d'arythmie cardiaque ou de plaque d'athérosclérose. D'autres études ont révélé que le risque d'accident cardiaque est multiplié par 2,4 à 107 durant le sport. On considère que la pratique du sport diminue globalement de 36% à 57% la fréquence des accidents cardio-vasculaires. Mais le risque d'un accident cardiaque augmente au cours ou au décours d'un effort violent. Ces accidents intriguent, frappent comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, car le sport est le symbole de bien-être et de bonne santé. En France, 5000 à 6000 patients font un infarctus du myocarde pendant le sport. Les morts subites sportives sont constamment en rapport avec l'infarctus du myocarde après 35 ans. L'homme âgé de plus de 50 ans semble le plus exposé aux accidents cardiaques pendant le sport. Ces accidents restent exceptionnels avant 30 ans. Le niveau d'entraînement est corrélé avec le risque de survenue de l'infarctus du myocarde. Trente pour cent des patients qui font des accidents cardiaques sont des sportifs occasionnels. Les sports en causes sont très variables : le jogging, le tennis, le squash, le vélo, après ascension des côtes, la randonnée pédestre. L'accident cardiaque est le plus souvent inaugural. Le tabac est le facteur de risque le plus fréquent. La présence d'une élévation du cholestérol dans le sang et d'une hérédité cardiaque sont fréquemment retrouvées. L'accident coronarien aigu est exceptionnel à l'effort avant 40 ans et une recherche de la maladie coronarienne n'est pas justifiée en dehors de quelques cas particuliers avant 40 ans (douleur thoracique à l'effort, hérédité cardiaque, élévation de cholestérol dans le sang). Dans ce cas, l'électrocardiogramme de repos et d'effort permettent de détecter l'existence d'une affection coronaire. A partir de 40 ans, chez l'homme, a fortiori, s'il existe des facteurs de risque : tabac, cholestérol, diabète, hérédité cardiaque, l'épreuve d'effort s'avère comme l'examen clé. L'épreuve d'effort permet de détecter une souffrance cardiaque à l'effort : douleur thoracique à l'effort, anomalie électrique, chute de la tension artérielle à l'effort. L'épreuve d'effort permet ainsi de stratifier le pronostic et d'orienter les patients à risque vers une exploration cardio-vasculaire poussée. Les cas de mort subite à la suite d'exercices ardus sont plutôt rares et surviennent chez les sujets ayant déjà une affection qui a été amplifiée par une trop grande dépense d'énergie. Il est vrai que courir comporte des risques, mais cela ne signifie pas pour autant de cesser toute activité physique. Il importe de savoir que courir le marathon ne nous met pas à l'abri des accidents cardiovasculaires. Ainsi, des études ont prouvé que les effets bénéfiques de l'exercice s'amenuisent à mesure que l'on augmente l'intensité et la durée de l'activité et qu'un entraînement excessif ralentit les mécanismes de défense du système immunitaire, accroissant le risque de maladies. Les chercheurs encouragent donc les jeunes de moins de 30 ans à poursuivre leur entraînement au marathon, mais pour les 30 ans et plus, ils conseillent de faire preuve de prudence. Finalement, ils recommandent de prendre de faibles doses d'aspirine et de consulter un médecin afin d'évaluer si la prise de statines, d'une médication réduisant le risque de crise cardiaque, est un choix approprié. En résumé, l'activité physique est bénéfique et la pratique du sport diminue le risque de maladie cardiaque. La détection de maladie cardiaque est surtout orientée vers les sportifs cumulant les facteurs de risque : tabac, cholestérol, diabète, hérédité. Plus que la détection, c'est la prévention qui est la plus importante, basée sur la lutte contre les facteurs de risque de maladie cardiaque (tabac, cholestérol, diabète) et les conseils visant à éviter les erreurs élémentaires de pratique sportive, permettant de sauver bien des vies. Pour une mobilisation sportive de nos athlètes contre le tabac.