L'Europe prend très au sérieux la menace de propagation de la grippe aviaire. Bien que la Roumanie ait tenté de rassurer l'Union, la mobilisation reste le mot d'ordre. L'annonce par la Roumanie de la présence du virus de la grippe aviaire H5N1 est limitée à deux villages du delta du Danube, n'a pas poussé les dirigeants européens à baisser leur garde. Surtout que la présence de la souche hautement pathogène de la grippe aviaire, premier cas sur le sol européen d'une maladie réapparue fin 2003 en Asie, a été confirmée samedi par le laboratoire européen de référence de Weybridge, près de Londres. Ce dossier se trouve actuellement au cœur de l'agenda des responsables de l'Union européenne. D'ailleurs, une réunion des chefs de la diplomatie de l'UE est programmée aujourd'hui à Luxembourg. Cette réunion sera une occasion pour les ministres européens de discuter de l'état de préparation de l'UE face à une éventuelle pandémie. Leurs homologues de la Santé prendront le relais jeudi et vendredi au Royaume-Uni. D'après le président de la Commission José Manuel Barroso, l'Union n'hésitera pas à proposer des mesures drastiques pour combattre la propagation de la grippe aviaire si les mesures de protection actuelles s'avéraient insuffisantes. «Nous devons éviter de nous montrer alarmistes. Je crois que nous devrions faire preuve de précaution face à cette situation et la placer sous contrôle constant», a-t-il déclaré à la presse, lors d'une visite à Stockholm. «Nous n'hésiterons pas (...) à proposer d'autres mesures drastiques si cela nous est recommandé tant d'un point de vue des experts que d'un point de vue technique», a-t-il ajouté sans donner de précisions. En effet, après avoir interdit les importations dans l'UE de volailles vivantes, de plumes et de viande en provenance de Roumanie, de Turquie, d'Asie, des régions de Sibérie et du Kazakhstan, la Commission européenne a recommandé vendredi aux Vingt-Cinq d'identifier les zones à risque et d'éviter les contacts entre volailles d'élevage et oiseaux sauvages. Par ailleurs, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est déjà dite préoccupée, car cela prouve que le virus «se trouve dans l'environnement des oiseaux, et cela accroît la possibilité d'une transmission à l'homme», a indiqué l'une de ses porte-parole. Le directeur général britannique de la santé, Liam Donaldson, n'a pas caché son inquiétude. Selon lui, la grippe aviaire pourrait indirectement provoquer la mort de 50.000 personnes au Royaume-Uni. «Cela ne veut pas dire qu'il y aura une pandémie de grippe aviaire. Cela veut dire qu'à un moment donné, le virus de la grippe aviaire va se combiner avec un virus de la grippe humaine et deviendra alors facilement transmissible d'un humain à l'autre», a-t-il expliqué. Après la confirmation de la présence du virus H5N1 à Ceamurlia de Jos, les autorités roumaines ont renforcé les mesures de surveillance et de protection dans l'ensemble de la région de Dobrogea (sud-est, côtière de la mer Noire), instaurant notamment des filtres de contrôle et de décontamination des véhicules. La vaccination contre la grippe saisonnière de la population dans la zone à risque a également continué à un rythme accru, a pour sa part indiqué le ministre de la Santé Eugen Nicolaescu. Apparu une première fois à Hong Kong, en 1997, le H5N1 a resurgi fin 2003 en Asie du Sud-Est, où il a causé depuis la mort d'une soixantaine de personnes, un bilan somme toute très faible compte tenu de la densité démographique de ces pays.