Au Maroc, aucune trace de l'existence du virus responsable de la grippe aviaire n'a jusque-là été relevée. Le discours officiel se veut ainsi particulièrement rassurant. La vigilance a pourtant atteint le niveau trois sur une échelle de six. On communique peu sur la situation de la grippe aviaire dans notre pays. En effet, les réunions interministérielles se suivent à une cadence soutenue, mais les informations, elles, n'arrivent qu'au compte-gouttes. Ainsi, tous les départements ministériels concernés par cette épizootie s'obstinent à véhiculer un discours sommaire qui se veut rassurant, alors que l'épidémie se propage dans le monde à un rythme de plus en plus angoissant. La sonnette d'alarme est ainsi tirée par l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui avertit que le virus de la grippe aviaire pourrait menacer l'Afrique au printemps. Selon un responsable de la FAO, «plusieurs pays en Afrique méritent une attention spéciale. La présence du virus en Turquie signifie qu'il se trouve déjà à la croisée des chemins entre l'Asie, l'Europe et l'Afrique». Au Maroc, la vigilance est certes déjà de mise. Selon le ministère de la Santé, elle vient d'atteindre le niveau trois sur une échelle de six niveaux établie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Lors d'une réunion du comité interministériel de lutte contre l'influenza aviaire, tenue mardi à Rabat, le ministre de la Santé, Mohamed Cheikh Biadillah, se voulait pourtant rassurant. Il a ainsi affirmé que «la situation de l'influenza aviaire dans notre pays est tout à fait calme, mais l'évolution de l'épizootie sur le plan international exige le renforcement des mesures de surveillance des oiseaux migrateurs en particulier». Contacté par ALM, le ministre de la Santé a par ailleurs affirmé que le virus ne se transmettait pas encore d'homme à homme. Donc, pas de panique. «Lors de la réunion interministérielle, d'autres établissements ont rejoint le Comité chargé de la grippe aviaire formé par le ministère de la Santé, le ministère de l'Agriculture et des Pêches maritimes et le Haut commissariat aux Eaux et Forêts et à la lutte contre la Désertification», a en outre assuré Mohamed Cheikh Biadillah. Il s'agit précisément de l'Office national de l'eau potable (ONEP), l'Office national des aéroports (ONDA), l'Office national de l'électricité (ONE) ainsi que la Royal Air Maroc (RAM). Le renforcement du plan de riposte est donc une réalité. «Le plan d'action est le reliquat du plan mis en action contre le Sras, il y a deux ans. Toutefois, ce plan a été consolidé par l'augmentation du nombre des doses du vaccin. Actuellement, il y a quatre laboratoires bio-sécurité créés pour suivre cette éventuelle pandémie», note Mohamed Cheikh Biadillah. Et d'ajouter : «on va se munir également d'une Task Force à l'instar de la lutte antiacridienne aux niveaux des diverses wilayas». La réunion interministérielle a ainsi été consacrée à l'évaluation des actions entreprises pour la surveillance de la maladie. Elle a également été dédiée à la mesure du degré de préparation du Maroc pour faire face à tout risque d'apparition de la grippe aviaire. Et apparemment, côté préparation, le Maroc est sur la bonne voie. Il vient même de recevoir, lundi dernier, la première livraison du médicament contre la grippe aviaire, des anti-rétroviraux, ainsi que du matériel physique de protection. Le tout en quantités suffisantes, assure-t-on. L'application du plan d'action contre la grippe aviaire, dénommé également «plan de riposte», est donc déjà effective. Il s'agit d'un plan qui se veut mobile et qui inclut deux volets. Le premier, plus important, s'intéresse aux modalités de riposte en cas d'éventuelles contaminations d'êtres humains avec possibilité de mise en quarantaine. L'on apprend dans ce sens que la population vulnérable qui pourrait être touchée en cas d'éventuelles contaminations est estimée à 5 millions de personnes. Le deuxième volet de ce plan concerne les animaux contaminés et prévoit une série de mesures préventives dont la plus importante à ce jour reste l'interdiction d'importation de volailles ou de produits de volailles depuis les pays où s'étaient déclarés des cas de grippe aviaire. De ce fait, et avec la reconduction de cette mesure, le sol marocain devra être fermé aux volailles en provenance de Roumanie et de Turquie. Toutes ces mesures devraient être mieux médiatisées dans les jours à venir. En effet, un plan de communication sera lancé prochainement pour la mise en place de certains supports de sensibilisation, notamment des brochures, et ceci au niveau des aéroports et des postes-frontières. Ce plan sera confié à une agence de professionnels pour mieux vulgariser la problématique de la grippe aviaire. Toutes les dispositions sont ainsi prises pour que le Maroc soit préparé à tous les scénarios, même les plus dramatiques. En tout cas, jusqu'à cette date, aucune trace de l'existence du virus responsable de la grippe aviaire n'a été relevée au Maroc. C'est ce qu'attestent les analyses en laboratoires et enquêtes sur le terrain effectuées jusque-là.