22 millions de personnes basculeront vers l'AMO avant fin 2022 Le Maroc a célébré le dimanche 12 décembre la Journée internationale de la Couverture santé universelle (CSU) sous le thème «Ne laisser personne de côté : investir dans les systèmes de santé pour tous». L'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM) a profité de la célébration de cette journée pour dresser le bilan de la CSU et les perspectives à venir. Selon les chiffres avancés par l'ANAM, le taux de couverture médicale de base de la population marocaine est passé de 16% en 2005 à 70,2% en 2020, soit 25,2 millions de bénéficiaires (tous régimes confondus), dont 11.17 millions de bénéficiaires de l'AMO et 11 millions de bénéficiaires du Ramed. L'objectif aujourd'hui est d'atteindre 100% de la population, à travers l'intégration de 11 millions de travailleurs non-salariés et 11 millions de bénéficiaires actuels du Ramed (soit un total de 22 millions) qui basculeront vers l'AMO avant fin 2022. Depuis l'instauration de l'AMO jusqu'à aujourd'hui, une nette évolution a été enregistrée non seulement au niveau des paramètres du régime, mais aussi au niveau de la prise en charge des malades, notamment pendant la pandémie de Covid-19 (tests PCR, hospitalisation, vaccination…). De même, les outils d'encadrement et de maîtrise médicalisée des dépenses ont également connu une évolution significative. A ce sujet, il est à noter que le nombre de médicaments remboursables au titre de l'AMO est passé de 1.000 en 2006 à 4.850 en 2020, dont 3.015 médicaments génériques (soit 65%). S'y ajoute l'évolution du nombre d'identifiants nationaux attribués aux professionnels de santé et aux établissements de santé (INPE) des secteurs public et privé, qui est passé de 5.324 en 2007 à 50.000 codes aujourd'hui. Par ailleurs, le nombre de réclamations traitées par l'ANAM, dans le cadre de sa mission d'arbitrage des litiges entre les différents intervenants du système, a évolué en passant de 328 réclamations reçues en 2011 à 10.255 requêtes cette année. Le plan d'action de l'ANAM Malgré d'importants progrès réalisés dans la mise en œuvre progressive de la couverture médicale, l'ANAM signale que le système connaît toujours quelques contraintes. Celles-ci sont liées notamment à la multiplicité des régimes, les écarts entre les paramètres de ces derniers (panier de soins, taux de cotisations…), le poids des dépenses restant à la charge de l'assuré qui s'élèvent à 31,5% pour la CNOPS et 37,6% pour la CNSS, l'insuffisance du financement du système de santé. Dans le but d'accompagner les réformes escomptées, notamment celles de la priorité donnée à la généralisation de l'AMO à toute la population d'ici fin 2022, l'ANAM a mis à jour par anticipation sa stratégie 2020-2024. L'ANAM a accéléré la mise en œuvre d'un ensemble de projets structurants thématiques inscrits dans sa stratégie d'accompagnement pour participer efficacement, avec le concours des autres acteurs, à l'atteinte des objectifs dans les délais impartis. Cette stratégie d'accompagnement est déclinée en mesures spécifiques que l'ANAM déploiera pour l'accompagnement des deux actions clés de l'extension progressive de la base d'assujettissement à l'AMO. La première action porte sur la participation active de l'Agence au transfert/intégration des catégories sociales bénéficiant actuellement du Ramed dans le régime AMO géré par la CNSS à partir de juillet 2022. La deuxième consiste en l'accompagnement du parachèvement de la couverture des catégories des professionnels, des travailleurs indépendants et des personnes non-salariées exerçant une activité libérale par l'AMO gérée par la CNSS. Pour éclairer la prise de décision sur la base de la production scientifique en matière de couverture médicale de base, l'ANAM étudie actuellement les différents impacts du basculement imminent de la population Ramed dans l'AMO du secteur privé, actualisera le bilan actuariel AMO, puis mènera des études relatives à la population des travailleurs non-salariés, et des enquêtes sur les coûts des prestations médicales. Par ailleurs, la stratégie d'accompagnement adoptée par l'ANAM se base sur la refonte de l'arsenal juridique du dispositif de la CMB à travers la proposition des amendements nécessaires pour améliorer les dispositions légales et réglementaires, et de renforcer les missions de l'ANAM, pour qu'elle puisse jouer pleinement son rôle de régulateur de la CMB. S'y ajoutent l'élargissement de la base des assujettis à l'AMO et la mise en place d'instruments novateurs pour un financement pérenne de l'AMO. Elle concerne également l'adaptation des outils de régulation aux évolutions du dispositif de l'AMO, à travers notamment l'institutionnalisation des principes de parcours coordonné de soins visant à assurer un meilleur suivi médical des assurés, la mise en place d'une nouvelle stratégie de remboursement des médicaments afin de mieux maîtriser les dépenses du poste médicament qui absorbe à lui seul 31,5% des dépenses de l'AMO. Il est important de souligner aussi que les affections de longue durée (ALD), qui touchent 3,2% de la population couverte par l'AMO, accaparent 51,8% des dépenses totales. 71,6% de ces dépenses concernent l'insuffisance rénale chronique terminale (26,7%), les tumeurs malignes (23,7%), le diabète insulino-dépendant et le diabète non insulino-dépendant (10,7%) et l'hypertension artérielle sévère (10,5%).