Afin d'accompagner la réforme visant généralisation de l'AMO à tout la population d'ici fin 2022, l'ANAM a mis à jour par anticipation sa stratégie 2020-2024, indique-t-on dans un communiqué. L'ANAM a aussi participé activement à l'élaboration de la stratégie sectorielle de protection sociale, et siège dans la commission technique instituée à cet effet par le Chef du Gouvernement.
Dans cette même optique, l'ANAM a accéléré la mise en œuvre d'un ensemble de projets structurants thématiques inscrits dans sa stratégie d'accompagnement pour participer efficacement, avec le concours des autres acteurs, à l'atteinte des objectifs dans les délais impartis.
Une stratégie à 5 piliers Construite autour de cinq piliers, cette stratégie d'accompagnement est déclinée en mesures spécifiques que l'ANAM déploiera pour l'accompagnement des deux actions clés de l'extension progressive de la base d'assujettissement à l'AMO. La première action porte sur la participation active de l'Agence au transfert/intégration des catégories sociales bénéficiant actuellement du RAMED dans le régime AMO géré par la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), à partir de juillet 2022. La deuxième consiste en l'accompagnement du parachèvement de la couverture des catégories des professionnels, des travailleurs indépendants et des personnes non salariées exerçant une activité libérale par l'assurance maladie obligatoire, gérée par la CNSS.
A ce titre, et pour éclairer la prise de décision sur la base de la production scientifique en matière de couverture médicale de base, l'ANAM étudie actuellement les différents impacts du basculement imminent de la population RAMED dans l'AMO du secteur privé, actualisera le bilan actuariel AMO, puis mènera des études relatives à la population des Travailleurs Non-Salariés, et des enquêtes sur les coûts des prestations médicales.
Par ailleurs, la stratégie d'accompagnement adoptée par l'ANAM se base aussi sur la refonte de l'arsenal juridique du dispositif de la CMB à travers la proposition des amendements nécessaires pour améliorer les dispositions légales et réglementaires, et de renforcer les missions de l'ANAM, pour qu'elle puisse jouer pleinement son rôle de régulateur de la CMB au Maroc. S'y ajoute l'élargissement de la base des assujettis à l'AMO, et la mise en place d'instruments novateurs pour un financement pérenne de l'AMO. Elle concerne également l'adaptation des outils de régulation aux évolutions du dispositif de l'AMO, à travers notamment l'institutionnalisation des principes de parcours coordonné de soins visant à assurer un meilleur suivi médical des assurés, la mise en place d'une nouvelle stratégie de remboursement des médicaments afin de maitriser les dépenses du poste médicament qui absorbe à lui seul 31.5% des dépenses de l'AMO. Il est important de souligneraussi que les Affections de Longue Durée (ALD), qui touchent 3.2% de la population couverte par l'AMO, s'accaparent 51.8% des dépenses totales. 71.6% de ces dépenses concernent l'insuffisance rénale chronique terminale (26.7%), les tumeurs malignes (23.7%), le diabète insulino-dépendant et le diabète non insulino-dépendant ( 10.7%) et l'hypertension artérielle sévère ( 10.5%).
Ces mesures portent également sur l'élaboration d'un programme d'appui à la prévention, la mise en place d'une nouvelle nomenclature « CCAM » et l'évaluation du panier de soins actuel pour le rendre adéquat, accessible, efficient et adapté aux besoins des bénéficiaires. De même, un nouveau processus de conventionnement sera mis en place afin de faire évoluer les conventions en un véritable outil de contractualisation entre les organismes gestionnaires et les professionnels de santé, basé sur des objectifs réciproques et quantifiés, de maîtrise médicalisée des dépenses et de réaménagements tarifaires. Toutes ces mesures, qui sont en cours de mise en place, nécessitent, bien évidemment, l'implémentation d'un système d'information ouvert, performant et évolutif, que l'ANAM participera, à côté de l'ensemble des acteurs à sa mise en œuvre.
Enfin, l'aboutissement de tous ces projets ne peut se concevoir en l'absence d'une approche institutionnelle et consensuelle. La mobilisation et le dialogue sociale sont ainsi deux conditions sine qua non de réussite de la CSU dans notre pays, d'où la devise de la stratégie de l'ANAM « la Couverture Santé-Universelle, un défi partagé ».