Cela se passait mercredi 1re décembre, au bout d'une ruelle de Casablanca, dans une petite synagogue -belle, soignée, modeste – où le rabbin Sebag, marocain ''ould bled'', originaire d'Essaouira et doté d'une érudition rare, officie chaque jour entouré de fidèles qui de génération en génération la fréquentent. C'est de ce petit coin du Maroc qu'un message universel -celui de la fraternité- s'est élevé ce jour-là pour franchir les murs de cet espace cultuel, et rejoindre les alizés souiris, les murs ocres de Marrakech, les boulevards majestueux de Rabat (où de jeunes militants associatifs organisaient la même cérémonie) et grâce aux médias atteindre tout le Royaume. Notre époque fait du monde un village, notamment grâce aux réseaux sociaux, et cette image d'un rabbin, un imam et un prêtre allumant ensemble la 4ème bougie de Hanoucca (Fête des Lumières) a en réalité fait le tour du globe ! Les vidéos de cette initiative ont récolté des dizaines de milliers de vues, les photos ont été likées à l'infini, les posts, les commentaires ont été innombrables... Le Maroc – en ne faisant, après tout, que reproduire un geste traditionnel de son Histoire, des valeurs qui l'ont construit et de ce qui en fait un phare du vivre-ensemble depuis des siècles – a montré au monde que '' c'était possible'', que la haine, le rejet de l'Autre, le racisme avaient un antidote et que ce remède s'appelait fraternité. Cet antidote aura dorénavant une saveur marocaine... puisse-t-il être adopté partout où l'Humanité souffre. L'idée de départ est très simple : une association, Marocains Pluriels – dont le vivre-ensemble et la jeunesse sont les combats de toujours – une synagogue, et leur volonté commune de donner un contenu concret à la fraternité. La célébration de Hanoucca représentait l'occasion rêvée par sa symbolique qui est l'allumage d'une bougie chaque soir, durant huit jours. L'idée était là, les femmes, hommes et jeunes de bonne volonté prêts à s'investir pour sa réussite étaient mobilisés... et le petit miracle a eu lieu : mercredi soir autour du rabbin Sebag se sont retrouvés l'imam Omar El Mrini, le Père Manuel Corullon entourés de diplomates de haut rang, de figures de la société civile, d'artistes, d'écrivains, de chefs d'entreprises, de jeunes et de fidèles des 3 confessions. Je voudrais en citer quelques-uns en guise de remerciements, nous avons eu l'honneur de la présence de Takashi Shinozuka, ambassadeur du Japon, Michelle Outlaw, députée US, Bennet Thor Kjedlsen, consul général de Norvège, Ghita Lahlou Al Yacoubi, consule générale du Japon, du Père Manuel Corullón, directeur de l'Ordre des Franciscains du Maroc, de Si Omar El Mrini, imam de la Zaouia El Kadiriya, ainsi que Moulay Abdellah Cherif Ouazzani, islamologue, Rita Zniber, Hassan Alaoui, Nordine Lakhmari, Maxime Karoutchi, Valerie Morales-Attias, Bahaa Trabelsi Reda-Fathmi, Jaoued Boussakouran, Yannick Assor Soussana, Jérémie Dahan, Marouane El Idrissi… Et – ô combien important également- la présence des jeunes militants des 109, de jeunes représentants associatifs et de fidèles des 3 religions. Cette cérémonie, humble et humaine, a soudainement pris une ampleur symbolique extraordinaire, que les initiateurs eux-mêmes ne pouvaient espérer. Cet allumage d'une bougie réunissant autant de Marocains des deux confessions, de personnalités, de femmes et d'hommes de religion et de culture, et revêtant une telle sincérité est devenu soudainement un signe d'espérance pour tous ceux qui l'ont vécu ou qui l'ont reçu via les médias et les réseaux sociaux. L'objectif de l'action était largement atteint, voire dépassé, qui était d'envoyer, à partir du Maroc, un signe au monde. C'est notre Nation dans sa grande tradition, dans sa culture ancestrale, dans son rôle de toujours – porté avec panache par SM le Roi Mohammed VI – qui disait aux femmes et aux hommes de bonne volonté, partout où ils se trouvent, que ni la haine ni le rejet de l'Autre ne sont des sentiments naturels, que seule la fraternité peut nous sauver.