Les réformes et projets proposés dans le cadre du nouveau modèle de développement (NMD) nécessiteront des financements publics additionnels de l'ordre de 4% du PIB annuellement en phase d'amorçage (2022-2025) et de l'ordre de 10% du PIB en rythme de croisière 2030. Ces prévisions ont été rappelées dans le rapport économique et financier de la DEPF. Cette publication a consacré toute une partie pour mettre en relief les exigences financières pour la mise en œuvre du nouveau modèle de développement dont l'amorçage coïncide avec le nouvel exercice budgétaire 2022. La mise en œuvre de ce grand chantier impose l'élargissement de l'espace budgétaire et de facto l'accélération d'un bon nombre de réformes. «La mise en œuvre de ce nouveau modèle nécessite des financements conséquents en phase d'amorçage dans un contexte où les finances publiques sont fragilisées des suites de la crise sanitaire. Tous ces éléments de contexte mettent à l'épreuve la soutenabilité des finances publiques et imposent, en conséquence, une maîtrise de la dépense publique et une amélioration de son efficacité pour faire face aux effets de la crise et une réorientation de la dépense vers les chantiers recommandés dans le cadre du NMD et déclinés dans le programme gouvernemental 2021-2026», peut-on relever du rapport économique et financier. La DEPF appelle dans ce sens à privilégier davantage les approches axées sur une meilleure complémentarité entre le secteur public et privé pour limiter significativement les pressions sur l'endettement du Trésor et préserver notamment la soutenabilité des fondamentaux macro-financiers. «Même dans l'hypothèse d'une politique budgétaire assouplie tel que recommandé par le nouveau modèle de développement et d'un recours accru à la dette, le financement public restera confronté à court-moyen terme à des contraintes élevées», constate la DEPF dans sa publication. A ce propos, la DEPF préconise d'élargir l'espace pour l'investissement privé à travers l'ouverture de certains secteurs structurants. Il est également recommandé de renforcer l'attractivité en faisant appel à la participation du Fonds Mohammed VI comme partenaire pour l'investissement privé et le recours aux partenariats public-privé. Rappelons que la stratégie de financement du nouveau modèle de développement s'appuie sur cinq leviers structurants. Le premier porte sur une politique budgétaire alignée sur les objectifs du NMD, actant les réallocations nécessaires au financement de ses chantiers transformateurs. Il s'agit ainsi de prioriser l'allocation des ressources vers le capital humain, par la réorientation des charges de compensation vers les mécanismes de protection sociale intégrés et le Registre social unifié ainsi que par la rationalisation des transferts aux entreprises et établissements publics moyennant leur réforme et le relèvement de leur performance. Le deuxième levier repose sur l'adoption d'une politique budgétaire agile. Cette dernière romprait sur le court terme avec les règles macroéconomiques contraignantes, tout en veillant à la soutenabilité financière à moyen et long termes nécessaire au maintien de la confiance des acteurs économiques. Le troisième levier consiste en le déploiement d'une politique fiscale plus efficace permettant de mobiliser le potentiel fiscal additionnel en se basant sur l'amélioration de l'équité fiscale. La stratégie de financement du NMD tient également compte d'une amorce rapide de la transformation structurelle de l'économie. Ceci passe par l'activation rapide de la stratégie de diversification recommandée par le NMD ainsi que par la mobilisation des EEP avec un rôle de locomotives économiques. Le dernier levier de cette stratégie s'appuie également sur la préparation des conditions propices pour l'accroissement de l'investissement privé, en traçant un cadre d'investissement attractif et la diversification des mécanismes et des systèmes de financement.