Mohamedou Lahmidi, président de l'Association pour la libération des séquestrés des camps de Tindouf, estime que le ralliement de Hammati Rabbani est une victoire pour le Maroc et un coup dur pour les séparatistes. ALM : Que pensez-vous du retour à la mère-patrie de Hammati Rabbani ? Mohamedou Lahmidi : Le retour de Hammati Rabbani est une véritable victoire pour tous les Marocains. C'est, par la même occasion, un revers cinglant à la direction séparatiste du polisario. Et pour cause, Hammati Rabbani était un des plus importants leaders du front polisario. Il occupait plusieurs hauts postes de responsabilité au sein du front, notamment en tant que ministre de la Justice, directeur au ministère de l'Intérieur du polisario et wali de la wilaya d'Aousserd. Son ralliement est une réponse à l'appel royal : "La patrie est clémente et miséricordieuse". Et c'est un coup dur que les séparatistes ont aujourd'hui énormément de mal à encaisser. Pourquoi, selon vous, Hammati Rabbani est rentré au Maroc ? Est-ce, comme le soutient le polisario, une réaction à sa marginalisation ? Il n'a jamais été écarté. Au contraire. Il avait un poids extrêmement important au sein des arcanes du pouvoir du polisario. Il fait également partie d'une très grande famille sahraouie, qui compte énormément d'intellectuels En fait, son retour à la mère-patrie n'a qu'une seule explication : Hammati Rabbani a compris que le jeu algéro-polisarien n'était finalement qu'une imposture historique et politique. J'insiste, encore une fois, que son retour a eu un impact négatif considérable sur le moral des dirigeants du polisario qui ne s'attendaient absolument pas à ce qu'il entreprenne de rentrer au pays. D'ailleurs, Hammati Rabbani ne sera pas le dernier à rallier la mère-patrie. Avant de parler des personnes qui vont rallier prochainement le pays, quelle a été la réaction des Marocains séquestrés dans les camps de Lahmada ? Les séquestrés sont extrêmement contents. Dès qu'un Sahraoui décide de rentrer au Maroc, ils explosent de joie. En fait, ils espèrent que ce ralliement permettra à leurs proches et à l'opinion publique internationale de connaître la réalité des souffrances qu'ils endurent quotidiennement sous le régime algérien et polisarien. Justement, quelles sont les dernières nouvelles des camps, après le déclenchement de l'Intifada ? Les séquestrés en ont véritablement ras-le-bol des conditions de vie misérables dans les camps de Lahmada en Algérie. Ils veulent tout simplement revenir à leur pays. Mais ils sont incapables de le faire, car l'armée algérienne exerce un imposant blocage de tous les camps. Les civils y sont totalement bloqués. Impossible de s'exprimer, il n'y a ni presse, ni démocratie. Certains réussissent à s'enfuir mais la majorité demeurent emprisonnés dans ces camps de misère. En mars dernier, des éléments du polisario ont froidement assassiné un jeune homme de la tribu des Oulad Tidrarine. Par la suite, des dignitaires de cette tribu se sont rendus chez Abdelaziz El Marrakchi pour exiger l'ouverture d'une enquête. Mais il a refusé de les recevoir. C'est une illustration du manque de droit, de justice et de loi dans les camps. C'est cette vie que les séquestrés veulent fuir. Quelles sont les principales revendications des séquestrés à travers leur Intifada ? Ils exigent, avant toute chose, le départ d'Abdelaziz El Marrakchi. Mais comme tout le monde sait, ce dernier n'a aucun pouvoir. L'Algérie est le premier et le dernier décideur. Et c'est pour cette raison que nous considérons le gouvernement algérien et le président Abdelaziz Bouteflika, comme les premiers responsables des souffrances des Marocains sahraouis séquestrés et emprisonnés dans les camps de Tindouf. Vous avez parlé de prochains ralliements. De qui s'agit-il au juste ? Vous comprendrez que nous ne pouvons pas donner de noms à l'heure actuelle. Cela risquerait de causer des préjudices aux personnes concernées et de compromettre leur retour. Mais ce qui est certain c'est que des militaires et des civils, tous de hauts responsables du polisario, vont bientôt répondre favorablement à l'appel royal : "La patrie est clémente et miséricordieuse".