La Banque mondiale estime que la mise en place d'un marché du travail dynamique et inclusif au Maroc reste un défi persistant. Dans un nouveau rapport intitulé «Paysage de l'emploi au Maroc», l'institution financière met en lumière les principaux enjeux et les défis du marché du travail. Malgré les nombreuses évolutions positives au cours de la dernière décennie, le marché du travail est confronté à des freins importants : le ralentissement des créations d'emplois en regard de l'essor démographique, la pénurie d'emplois de qualité dans les industries à forte productivité et les nombreux exclus du marché du travail, notamment les femmes et les jeunes. Selon la Banque mondiale, la pandémie de la Covid-19 et les mesures sanitaires qui en découlent ont interrompu ou ralenti l'activité économique, venant ainsi aggraver la situation du marché du travail. La pandémie a ainsi compliqué les perspectives d'une croissance tirée par l'emploi. Le rapport dégage quatre axes prioritaires pour accroître la création et la qualité des emplois et pour élargir la participation au marché du travail. L'insertion des jeunes et des femmes sur le marché du travail est une priorité urgente. «Aujourd'hui, environ 30% des 15-24 ans ne sont pas en train de travailler ni d'investir dans leur avenir en se formant. Ces jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) constituent une source d'inquiétude», déplore l'institution financière. La participation des femmes au marché du travail est en déclin et se situe en dessous de 30 %. Le faible taux d'activité des femmes a d'importantes répercussions sur leur autonomie financière, ainsi que sur le potentiel économique du pays. Celle-ci fait remarquer que le ralentissement économique provoqué par la Covid-19 va probablement exacerber les défis auxquels sont confrontés ces groupes exclus. Par ailleurs, les analystes de la Banque mondiale recommandent d'accélérer la transformation structurelle pour créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité dans les secteurs à plus haute productivité. L'institution appelle également à promouvoir une plus grande formalisation de l'économie. A ce sujet, elle signale que «l'existence d'un secteur informel important entrave la productivité du travail, érode l'assiette fiscale et laisse de nombreux travailleurs et leurs familles sans assurance-maladie et sociale adéquate». Encourager les emplois formels pourrait nécessiter différents types de mesures, notamment des réformes de l'environnement des affaires, la réduction du coût du travail, ou des initiatives comme le développement des compétences pour améliorer la productivité. Pour améliorer les perspectives d'emploi, le Maroc devra relever chacun de ces défis. «Cela implique d'agir à plusieurs niveaux, avec des politiques qui prennent en compte le contexte et les outils de différents secteurs. Les stratégies en faveur de l'emploi doivent également tenir compte des disparités régionales et des facteurs culturels et sociaux», conclut la Banque mondiale.