La Journée nationale du théâtre, célébrée vendredi soir dernier au Complexe culturel Hay Mohammadi, a été marquée par un vibrant hommage rendu à deux comédiens de talent : Naïma Ilyass et Aïd Mawhoub. «Merci d'avoir pensé aux comédiens de leur vivant». C'est avec cette phrase, très significative, que Naïma Ilyass a réagi à l'hommage qui lui a été rendu vendredi soir dernier, à l'occasion de la Journée nationale du théâtre. En présence du ministre de la Culture, Mohamed Achâari, et des représentants des autorités de Casablanca, la comédienne a rappelé que la lettre du défunt Hassan II, dans laquelle il appelle les communes à consacrer au théâtre 1% de leurs budgets, est restée lettre morte. La responsabilité est ainsi attribuée aux «élus», qui continuent de manquer à leur engagement envers le théâtre et ceux, les artistes, qui ont consenti d'énormes efforts au service de sa promotion. Aïd Mawhoub, qui a également reçu ce soir un hommage, en fait partie. Visiblement très ému, il s'est félicité de ce geste de reconnaissance manifesté à son égard. Salem Kouindi, chercheur en arts dramatiques, a lu un texte dans lequel il a souligné le rôle pionnier qu'Aïd Mawhoub a joué dans le développement du théâtre au Maroc, avec d'autres précurseurs tels que Tayeb Saddiki, Laâlaj, Mohamed Afifi et Abdessamad El Kenfaoui. Dans ce sens, le ministre de la Culture a salué l'abnégation et les sacrifices de ces précurseurs qui ont dû travailler dans des conditions plus difficiles que celles d'aujourd'hui. Le ministre a par ailleurs souligné que le fait de célébrer la Journée nationale du théâtre à Casablanca, et plus particulièrement à Hay Mohammadi, n'est pas le fruit du hasard. Pour lui, il s'agit de faire acte de reconnaissance à l'égard de ce quartier qui a donné naissance à une pléiade d'artistes qui ont marqué de leurs profondes empreintes la vie culturelle au Maroc. Le président du Conseil de la Maison des jeunes de Hay Mohammadi a abondé dans le même sens, en rappelant que, outre des comédiens de renom, ce quartier a vu émerger des groupes-phares de la chanson marocaine tels que Nass El Ghiwan, Lemchaheb, Tagadda, Siham, Mesnaoua, etc. Le public, qui s'est rendu nombreux ce soir au Complexe Hay Mohammadi, a assisté, par la suite, à la représentation d'une pièce montée en hommage à la ville de Casablanca. Il s'agit de «H'dit o m'ghzal», à travers laquelle la troupe «Espace Alliwa» reconstitue le parcours de la ville de Casablanca et son évolution. Maintenant, est-il besoin de présenter Naïma Ilyass et Aïd Mawhoub ? Née à Casablanca, d'origine safiote, Naïma Ilyass a consacré plusieurs décennies de sa vie à sa passion : le théâtre. Très jeune, en 1970, elle intègre la troupe «Al Badaoui». Elle a développé un style de jeu original, en interprétant des personnages-types tels que celui de la fille gâtée, traîtresse, opportuniste, cupide, mais aussi celui de la fille noble. Une palette diversifiée de personnages, incarnant aussi bien le mal que le bien. Aïd Mawhoub, lui, a entamé sa carrière théâtrale bien avant Naïma Ilyass. Né en 1930 à Derb Soltane (Casablanca), et après une période d'amateurisme, il attaque sa carrière professionnelle à partir des années 50. Après avoir fait ses preuves de professionnel du théâtre, il a été sollicité pour plusieurs rôles à la télé et au cinéma. Parmi les téléfilms où il a tourné, on peut citer «Radia» et «Al-ghariq» réalisés respectivement par Mohamed Atifi et Abderrahmane Moulin, S'agissant du cinéma, M. Mawhoub a tourné dans le film «Le marteau et l'enclume» de Hakim Nouri, «Jours d'une vie normale» de Saâd Chraïbi et «Le Dollar» de Mohamed Minkhar. En ce qui concerne le théâtre, on retient des rôles que Mawhoub a joués dans les pièces «Vengeance et punition» de la troupe Nojoum Al-Atlas et «Le moulin» aux côtés d'une poignée de brillants comédiens comme Bachir Skirej, Tayeb Saddiki, Farid Ben M'Barek et Ahmed Al-Alaoui.