Le 1er Festival «Théâtre et culture» s'est ouvert par un vibrant et émouvant hommage à Federico Garcia Lorca. Poésie, musique et danse Flamenco se sont réunies le temps d'une soirée hommage qui restera peut-être inoubliable. Ni le froid, ni l'éloignement du complexe culturel Moulay Rachid, situé à la périphérie casablancaise, n'ont empêché le public de faire le déplacement jeudi 19 janvier au soir. La ruée des foules vers ce complexe était moins habituelle, moins encore l'arrivée annoncée de nombreuses personnalités du monde de la politique. Ce déferlement impressionnant a, pour une fois, mis à rude épreuve la patience des services de l'ordre de la préfecture Moulay Rachid. Qu'est-ce qui a alors pu transformer un complexe d'habitude «désert» en un grand lieu de rassemblement ? Noureddine Ayouch, président de la Fondation des Arts vivants, donnera le ton en déclarant «ouvert le 1er Festival Théâtre et Culture». «Un nouveau festival est né avec l'espoir de donner à la mégalopole sa véritable dimension de ville cosmopolite», commente un festivalier averti. Pour sa première édition, le festival «Théâtre et culture» rend hommage à un symbole de la diversité culturelle : Federico Garcia Lorca, et à travers lui à la culture d'un grand pays voisin : l'Espagne. Marocains et Espagnols étaient réunis ce soir pour rendre un vibrant et émouvant hommage à un poète, dramaturge, musicien et artiste-peintre qui s'est imprégné aux mamelles de la culture arabo-andalouse, sachant qu'il est né à Grenade, ville qui porte encore et toujours les traces de la présence arabo-musulmane en Espagne. Au-delà de l'appartenance commune à une sphère géo-culturelle qui a fécondé plus de huit siècles de civilisation dans le sud de l'Europe, pour rester uniquement dans la zone euro-méditerranéenne, il y a aussi ce symbole fort de l'intellectuel-martyr après avoir été sauvagement fusillé par les barbouzes du général Franco. C'est surtout cette icône qui a marqué les cœurs, lors d'une soirée où l'émotion a atteint des sommets. Si l'on peut certes regretter l'absence du poète syrien Adonis, qui se serait « excusé à la dernière minute pour des raisons familiales contraignantes », la soirée s'est déroulée comme il faut. En prélude, le luthiste Saïd Chraïbi a su captiver une audience rehaussée par la présence, entre autres, de André Azoulay conseiller du Roi, Mohamed Achaâri ministre de la Culture, Nabil Benabdellah ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement. Passé S. Chraïbi qui nous a gratifié d'un grand moment de luth, place à la poésie. Le bal a été ouvert par la comédienne Samia Akariou, puis Sanaâ Akroud et l'écrivain hispanisant Larbi El Harti qui nous ont lu d'excellents poèmes extraits de deux célèbres recueils de Garcia Lorca : «New York, Bureau et dénonciation» et «Le Divan de Tamarit». Deux recueils qui résonnent d'un cri tellurique pour le retour aux sources de l'humanisme, envers et contre la culture matérialiste incarnée par l'Amérique. Après ce coup de cœur, le cap a été mis sur la danse Flamenco. La compagnie espagnole, «Increpacion», nous a servi, sur les rythmes Flamenco, des pièces chorégraphiques symboliquement aussi fortes qu'elles s'inscrivent dans l'esprit dénonciateur du «rebelle» Lorca. «Wad Ras», nom de l'un des centres de détention pour femmes à Barcelone, est un spectacle qui a été très fort ovationné. Plaidoyer pour la liberté, ce spectacle critique également une Espagne où le taux des femmes battues reste l'un des plus élevés au monde.