Le nouveau remaniement du gouvernement algérien a été rendu public dimanche. Avec ce remaniement, Bouteflika vise à donner un nouveau coup de pousse au projet d'amnistie générale. Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a procédé à un remaniement de son gouvernement. Rendu publique dimanche, la réorganisation du gouvernement algérien n'a pas cré de grandes surprises. En effet, elle a été caractérisée par la présence en force des trois grandes forces politiques du pays : le FLN, le MSP et le RND. Ces dernières sont les trois principaux partis qui forment ce qui est appelée communément l'“Alliance présidentielle”. Ainsi, Bouteflika espère donner un nouveau souffle au projet controversé d'amnistie générale en renforçant l'Alliance présidentielle au sien de son gouvernement. Le remaniement a été marqué par le départ de quatre ministres et de deux ministres délégués, et l'entrée de six ministres et d'un ministre délégué. Abdelatif Benachenhou, critiqué par les Algériens pour sa politique de rigueur, a cédé son poste de ministre des Finances à Mourad Medelci, conseiller économique du président. Autre changement important, c'est le départ d'Abdelaziz Belkhadem, ministre des Affaires étrangères. Ce dernier avait déclaré la semaine dernière qu'il renoncera à son poste de ministre, afin de se consacrer à la reconstruction du Front de libération nationale (FLN). « Nous nous apprêtons, au FLN, à mener une grande opération de renouvellement de l'ensemble des structures de base du parti, les “kasmas” et “mouhafadhas” en l'occurrence, de réactualisation des listes des militants, de lancement d'une campagne pour attirer d'autres compétences à intégrer les rangs du front. Il s'agit d'une opération de grande envergure pour la reconstruction du parti qui nécessite beaucoup plus de disponibilité à même d'instaurer la démocratie dans notre pays », a-t-il déclaré lors d'un forum. M.Belkhadem fut remplacé par un juriste, Mohamed Bedjaoui, président du Conseil constitutionnel. Le ministère de la Participation et de l'Investissement a été, quant à lui, confié à Abdelhamid Temmar, jusque-là conseiller du président Bouteflika aux Affaires économiques. Le remaniement a été marqué aussi par la création et pour la première fois d'un poste de ministre délégué auprès du ministre de la Défense. Il faut noter que Boutaflika cumule les fonctions présidentielles avec celles du ministre de la Défense. Nouvellement créé, ce poste a été confié à Abdelmalek Guenaizia, ancien chef d'état-major des forces armées. M.Guenaizia est aussi membre du Haut Conseil de sécurité. Rappelons que c'est ce conseil qui avait décidé en 1992 d'interrompre le processus électoral, alors que les islamistes du Fis étaient en passe de remporter les législatives. «La création de ce nouveau poste au sein du ministère de la Défense démontre la détermination du président à transférer les questions militaires sous le contrôle d'un exécutif élu», relevait dimanche un diplomate de l'Union européenne, qui y voit un "bon signe", rapporte l'agence Reuters. Par ailleurs, trois ministre ont conservé leur poste. Il s'agit notamment du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, de Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines et Noureddine Zerhouni, ministre de l'Intérieur. Hormis la volonté de voir aboutir le projet d'amnistie générale, ce remaniement peut être aussi considéré comme une réponse aux critiques émises en Algérie et à l'étranger sur le rythme des réformes économiques d'un pays où certains investisseurs hésitent à s'engager, en raison d'inquiétudes liées à la stabilité et à l'ampleur réelle des réformes. "En ce qui concerne les réformes économiques, il n'y a pas de changement majeur. Il s'agit plutôt de l'arrivée en fonction de personnes qui voient du même oeil ce que Bouteflika voulait", estime un analyste sous couvert de l'anonymat.