Pour subvenir aux besoins de ses trois enfants, Si Ahmed, quadragénaire, a choisi d'usurper l'identité d'un fonctionnaire du tribunal et d'arnaquer ses victimes en leur promettant de les blanchir des accusations retenues contre eux. Moyennant finances. C'était au hall du tribunal de première instance de Fès que Fatna a croisé Si Ahmed. Cette quinquagénaire était dans un état lamentable. Son fils unique, Omar, a été déféré devant le procureur du Roi après avoir été arrêté en flagrant délit de vol. Elle ne savait à quel saint se vouer. Entourée de quelques voisines et membres de sa famille qui la soutiennent, Fatna se contente de pleurer. Si Ahmed a élu domicile dans ce tribunal. Il est toujours bien habillé et bien rasé un cartable à la main. Quand il a vu Fatna gémir, il n'a pas hésité à lui demander ce qu'elle avait. «Viens avec moi ma mère, viens…» dit-il à Fatna qui pleurait à chaudes larmes. Elle était convaincue qu'il vient la consoler et la réconforter. Ils s'éloignent de quelques mètres, et Si Ahmed continuait d'essayer de la calmer en attendant la décision du procureur général à propos de son fils Omar. Quelques temps plus tard, les femmes qui accompagnaient la mère éplorée ont remarqué que l'homme s'est rendu vers le bureau de procureur du Roi. Fatna leur explique : « C'est un fonctionnaire au tribunal…Il s'appelle Si Ahmed et il m'a promis de m'aider pour que Omar soit libéré. Comment va-t-il l'aider ? Aussi bien Fatna que ses voisines et membres de famille n'ont pas de réponse. Mais, elles ont suivi ses pas lorsqu'il est rentré dans un bureau pour en ressortir et accoster de nouveau Fatna. «C'est très grave ce qu'a commis ton fils. Il risque une peine très lourde qui peut atteindre cinq ans de prison», lui affirme-t-il loin des oreilles des femmes. Fatna fond aussitôt en larmes. Si Ahmed a tenté de la calmer. Mais en vain. Il s'est alors adressé aux femmes qui étaient en sa compagnie pour les pousser à calmer Fatna. Il chuchote dans l'oreille de l'une d'elles : « Dites à Fatna de me rejoindre à l'extérieur, près du café du coin pour lui expliquer ce qu'elle doit faire pour que son fils soit relâché». Effectivement, Fatna l'a rejoint après que le procureur du Roi ait pris la décision de garder Omar en détention préventive poursuivi pour vol et menace à l'arme blanche. «Je peux intervenir en faveur de ton fils contre une somme d'argent…», lui dit-il. La proposition fut acceptée et ils ont fixé un rendez-vous le jour de la première audience. «Il faut lui demander de réclamer le report de l'examen de son dossier prétextant qu'il va engager un avocat, alors qu'en fait tu n'en n'auras pas besoin…» , lui demande-t-il. Il lui a expliqué qu'il veut gagner du temps pour négocier avec un fonctionnaire bien placé pour blanchir Omar. En contrepartie de 10 mille dh. Le jour de la première audience, Si Ahmed a rencontré Fatna. Cette dernière lui a expliqué qu'elle ne peut lui verser que 5 000 dirhams. «C'est tout ce que j'ai pu trouver…», lui affirme-t-elle. Il a accepté le marché sans trop insister. Il a donc empoché la somme et n'a plus donné signe de vie. Omar est finalement condamné à un an de prison ferme. Fatna s'est enfin rendue à l'évidence : Si Ahmed n'est qu'un vulgaire escroc. Elle se rend chez la police pour porter plainte. Après des investigations minutieuses, elle est arrivée à épingler l'escroc, qui a avoué avoir arnaqué d'autres personnes en se faisant toujours passer pour un fonctionnaire de la justice.