Malika, qui a des antécédents judiciaires pour escroquerie, a été condamnée par le tribunal de première instance de Safi à un an et demi de prison ferme. Elle arnaquait ses victimes en présentant un faux laissez-passer. Tribunal de première instance de Safi, juillet 2006. Vêtue d'une djellaba rose, Malika, quadragénaire, était la seule femme qui se tenait ce jour-là devant les magistrats de la chambre correctionnelle. « Tu es accusée d'escroquerie, qu'en dis-tu ? », lui demande le président de tribunal. L'avocat de la mise en cause prend la parole et présente quelques requêtes pour vice de forme au président du tribunal. Ce dernier entame l'interrogatoire. Malika nie les charges retenues contre elles. Quelle est son histoire ? Elle remonte à mi-juin. Un jour, un proche a sollicité son aide. Il l'appelle sur son téléphone portable et lui dit : « J'ai une amie qui a des problèmes. Elle espère que tu l'aide pour les résoudre …Elle est prête à payer n'importe quelle somme ». Un rendez-vous a été fixé dans un café de la ville. Autour de quelques verres de thé, les deux femmes ont engagé une conversation lors de laquelle Malika a surtout entendu l'histoire de la femme qui souhaite son intervention auprès du président du tribunal de première instance de Safi. « Considérez que votre affaire est résolue », lui a répondu Malika sur un ton ferme. En contrepartie, la jeune femme doit lui verser une somme de 5.000 dirhams. Une somme qui a été jugée très élevée par la femme. Cette dernière a marchandé avec elle, réussissant à la faire baisser à 3.500 dirhams. Le dossier à la main, Malika s'est présentée le lendemain devant le président de tribunal de première instance de Safi. Au départ, elle lui a remis une «carte blanche» qu'elle a prétendue avoir reçu du Palais royal. Elle lui a expliqué que la femme en question est de sa famille et qu'elle souhaite que son affaire soit réglée dans les plus brefs délais. Le président du tribunal s'est saisi du dossier et lui a demandé de retourner la semaine prochaine. En sortant de chez lui, elle a rejoint la femme dans un café pour recevoir les 3.500 dirhams. Une semaine plus tard, Malika est retournée chez le président du tribunal. Celui-ci a appelé un huissier qui l'a conduite immédiatement chez le procureur du Roi. Soumise à un feu roulant de questions, Malika s'est effondrée en avouant que la carte est fausse. Le procureur du Roi a téléphoné aussitôt aux éléments de la PJ pour l'emmener au commissariat et la soumettre à un interrogatoire serré. Elle leur raconte toute son histoire. Elle leur a indiqué qu'après avoir quitté tôt les bancs de l'école, elle est restée chez elle jusqu'au jour où un jeune homme est venu la demander en mariage. Elle s'est mariée, mais elle a été répudiée quelques années plus tard. Sans mari ni enfants, elle devait faire face seule aux aléas de la vie. Pour subvenir à ses besoins, elle a regagné Casablanca et s'adonnait à des activités illicites. Elle arnaquait ses victimes en leur promettant monts et merveilles. Elle a été arrêtée et condamnée à un an de prison ferme. Seulement, après avoir été relâchée, elle récidive. Elle croyait pouvoir manipuler le président de tribunal en lui présentant sa "carte blanche", que lui avait confectionnée un faussaire qui demeure en état de fuite. La mise en cause a été condamnée cette fois-ci à dix-huit mois de prison ferme.