Les débats se sont poursuivis hier au sein de la Commission des secteurs sociaux de la Chambre des Représentants. Les députés veulent exercer plus de contrôle sur l'action du ministère des habous. Explications. Les discussions au sein de la Commission des secteurs sociaux et des affaires islamiques au sein de la Chambre des Représentants se sont poursuivies hier. A l'ordre du jour : débattre des moyens de contrecarrer l'extrémisme religieux et la diffusion des idées de tolérance et de modération. L'invité de marque n'était autre que Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des Affaires islamiques. Selon le président de la Commission, Mohamed Moubdï, député du MNP, "le nombre des députés présents à cette séance était considérable". Et pour cause, ce secteur est très sensible. Depuis les attentats du 16 mai à Casablanca, le rôle du ministère des Habous et des Affaires islamiques est mis au-devant de la scène. Plusieurs partis politiques commencent à s'interroger sur l'efficacité de ce département dans la prévention des dérapages dans les mosquées, essentiellement lors du prêche de la prière du vendredi, ainsi que sur la politique du ministère dans la diffusion des idées de tolérance, de modération voire de modernité. "Sur ce point, tout reste à faire", souligne Abdessalam Khabbaz, président du groupe de l'Alliance socialiste (PPS, PSD, Al Ahd). En effet, les partis politiques estiment que le ministère des Habous et des Affaires islamiques est resté, pendant longtemps, "hors du champ politique". En ce sens que son action n'était soumise à aucun contrôle parlementaire. A l'époque de Abdelkabir M'daghri Alaoui, le ministère prenait même des mesures contre la politique gouvernementale", soutient Fatima El Mouden, députée de l'USFP. Il est donc temps de changer de comportement. Mais à ce jeu, l'actuel ministre n'est pas tout à fait prêt. C'est ce qu'il a laissé entendre lors d'une première réunion de la commission, la semaine dernière. Il a préféré mettre en avant, face aux députés, membres de la commission, sa qualité de "citoyen et de musulman". C'est en fait, un héritage de M'daghri Alaoui, qui s'interdisait toute implication directe dans les débats politiques. "Nous demandons simplement que le ministre puisse régulièrement s'expliquer devant le Parlement", poursuit Fatima El Mouden. C'est d'ailleurs ce que Ahmed Taoufiq a fait. Il a annoncé aux députés que son ministère a préparé un vaste plan médiatique afin de contrecarrer l'obscurantisme et diffuser les valeurs de tolérance et modération. C'est ainsi que le ministère a préparé cinq programmes télévisés qui seront opérationnels en septembre prochain. Ces émissions de télévision sont variées et seront destinées à toutes les catégories sociales. Les jeunes auront une émission spécialement destinée à eux. D'autres programmes s'attelleront à présenter les réponses de la religion aux problèmes sociaux. Le Soufisme et les Conseils des Oulémas feront également l'objet de programmes spécifiques. En plus de cette stratégie médiatique, les groupes parlementaires ont interpellé le ministre sur la gestion des mosquées. Selon le président de la Commission, "le ministère a certes une responsabilité dans cette gestion, mais il n'est pas le seul". Le Maroc a besoin d'une "vision globale" en matière de sécurité spirituelle. Mohamed Moubdï estime que les ministères de l'Intérieur, de la Culture et même de l'Education nationale doivent également passer à l'action. Ainsi, les ventes de livres et de cassettes devant les portes des mosquées doivent être sérieusement contrôlées par les autorités. Abdessalam Khabbaz (PPS) assure que son parti "ne demande l'interdiction de ce commerce, mais simplement le contrôle du contenu des livres et des cassettes vendues". "Cette même vigilance doit être de mise dans les écoles, où des enseignants transgressent le programme officiel pour propager des idées étrangères à notre rite malékite", poursuit Moubdï. Le ministère des Habous et des Affaires islamiques a donc du pain sur la planche. Mais tous les députés interrogés ont fait preuve d'optimisme car Ahmed Taoufik "a toujours fait preuve d'écoute et de bonne volonté". Le secrétaire général par intérim de l'UC, Mohamed Abied, a émis des craintes que cette affaire débouche sur des pros et des anti-Islam. Pour éviter de tomber dans un tel piège, il pense que les politiques ne doivent pas faire de ce dossier une affaire partisane.