Le patronat appelle les professionnels des banques à rattraper les écarts existants dans leur manière d'intervenir auprès des entreprises sinistrées par la crise sanitaire que connait le pays. A cet effet, la CGEM attire l'attention du Groupement professionnel des banques marocaines (GPBM) aux décalages observés sur le terrain. Première discordance à relever : le traitement « au cas par cas » des entreprises qui s'avère, selon le président de la CGEM, en décalage avec la situation, à moins que cela soit « sous demande expresse de la clientèle ». Dans une lettre adressée au président du GPBM, Chakib Alj souligne que « les mesures énoncées par le Groupement sont construites, dans leurs principes, pour répondre à la situation et ainsi accompagner le tissu d'entreprise à traverser cette crise exceptionnelle. Toutefois, les écarts et les situations observés, sont en décalage avec ces principes ». Et de préciser que « l'impact de ces écarts, s'ils ne sont pas rattrapés, pourrait être fatal à de très nombreuses entreprises, pourtant aptes à retrouver leur rythme de croisière après cette crise, générant ainsi un niveau de casse sans précédent, et qui laissera une empreinte économique et sociale indélébile ». Cette crise n'ayant épargné aucun secteur d'activité freine l'élan des entreprises dont une grande partie d'entre elles peine à financer ses besoins en fonds de roulement. D'où l'urgence de mettre en place le dispositif prévu par la CCG à un niveau suffisant. Ceci permettrait, selon Chakib Alj, de rétablir le sentiment de sécurité des entreprises. « A défaut, nous subirons la disparition de nombreuses entreprises et de très lourdes pertes d'emplois. A titre d'exemple, certains crédits exceptionnels de trésorerie mis en place en Europe sont remboursables sur 5 ans à taux zéro et construits sur la base d'un plan de trésorerie avec zéro recette pendant 3 mois », explique-t-il. La deuxième dérive constatée concerne les banques ayant décidé de refondre leur appréciation des risques et réduire les lignes de PME jusque-là clientes ce qui leur est fortement « préjudiciable ». « Le cas des PME exportatrices est également préoccupant. Ces unités doivent impérativement être maintenues puisqu'elles permettront dès la reprise en Europe, à la fois d'assurer quelques dizaines de milliers d'emplois mais aussi de rapatrier des devises aujourd'hui rares », fait savoir le président de la CGEM dans sa lettre. Et de préciser que « les unités de services aux entreprises, caractérisées par une masse salariale lourde, souffrent d'un déficit brutal de traitement de la part de certains de vos confrères revenant sur leurs autorisations de découvert par exemple ». Bien que le report des échéances de crédits moyen terme et de leasing est généralement bien suivi, Chakib Alj relève, toutefois, la difficulté d'accès de certaines entreprises à leur responsable clientèle, impactant le délai de réponses à leurs requêtes. Le président de la CGEM interpelle, par ailleurs, le GPBM à quelques annonces prévues par certaines banques. « Il apparaît que certains de vos confrères annonceraient des pénalités ou intérêts supplémentaires, et d'autres n'accepteraient le report qu'à compter du mois d'avril. En comparaison, certains pays européens reportent, à la fin des contrats, les échéances de 6 mois », soulève-t-il. Parmi les choses que la CGEM reproche, on cite l'augmentation des marges et la tarification des emprunts appliquées par quelques banques de la place. « Le taux de refinancement des importations sont parfois passés de 1,5% à 3,5%, pourtant Bank-Al Maghrib a réduit son taux de base et les taux de base sur le dollar et l'Euro sont à des niveaux historiquement bas. Les taux de change sont parfois sans rapport avec les cours pivots et certaines salles de marché sont fermées », fait savoir le patron des patrons. Chakib Alj conclut sa correspondance en réitérant sa conviction que « le GPBM est parfaitement conscient de l'extrême gravité de la situation pour les entreprises et qu'il se tiendra à leur côté, en partenaire privilégié, pour dépasser cette situation de crise exceptionnelle ».