Miloudi Zakaria croupit dans la prison d'Oukacha à Casablanca. Mais ses idées et ses prêches, qui invitent à l'assassinat d'innocents, font des émules. C'est à Tlate Zyaïda, à Lamdakra, dans la province de Ben Slimane que Miloudi Zakaria est né un jour de l'année 1965. Il est l'aîné de quatre frères et deux sœurs, qui ont tous grandi dans la privation de l'amour de leur père, Larbi. Ce fellah n'avait d'autre souci que de se marier, encore et encore. Il avait quatre épouses qui ont mis au monde les douze demi-frères et demi-sœurs de Zakaria Miloudi. Après le certificat d'études primaires, Zakaria rejoint le foyer d'une tante paternelle au quartier Aïn Sebaâ, à Casablanca pour poursuivre ses études secondaires. A quatorze ans, il fait ses premiers pas en matière de religion. Il commence par accompagner des jeunes de son quartier dans les mosquées et à lire des livres religieux. Parallèlement, il poursuit ses études jusqu'au niveau de la 9ème année de l'enseignement fondamental. Après, il s'inscrit au centre de formation professionnelle de Hay Mohammadi pour le quitter sans le moindre diplôme, deux ans plus tard. Zakaria Miloudi n'est pas resté au chômage. Il s'est fait embaucher dans un atelier pour la fabrication des fours au quartier Al Ântariya, puis dans une société de construction. Entre-temps, il continue de lire des livres qui parlent de religion qui l'influencent à tel point qu'il abandonne son travail dans les chantiers de construction pour devenir herboriste. Et c'est ainsi qu'il rejoint en 1983 les rangs de la Jamaâ Al Islamiya. «Au bout de quatre ans, j'ai découvert que je ne partageais plus les mêmes idées et les mêmes convictions que Al Jamaâ Al Islamiya» avait-il confié aux enquêteurs. Et il finit par se retirer de la Jamaâ, avec en tête l'idée de fonder son propre groupe. A cette époque, il vit avec sa première femme, R'Kia et ses deux enfants Sara et Yahia au quartier Sidi Moumen Laqdime, un quartier de la grande périphérie de Casablanca, dans la préfecture de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ, où tous les ingrédients de la criminalité et des fléaux nuisibles à la société sont là. C'est dans ce fief qu'il a décidé de choisir ses adeptes. Depuis, il commence à approcher des jeunes qu'il juge sérieux et pieux. Il en a détecte quelques uns et il constitue le groupe qu'il nomme «Assirate Al Moustakime» ( Le Droit Chemin). « Pour choisir cette appellation, je me suis inspiré du verset, la Prologue (Al-Fatiha) où Dieu a dit : «Guide-nous dans le droit chemin, le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés», explique-t-il aux enquêteurs. Depuis, il commence à organiser des séances de Dikr et de Hadith dans des mosquées de Sidi Moumen Laqdim. Il influence par ses idées et il a parle des Musulmans en Tchétchénie et en Afghanistan, en Europe, exhortant son auditoire à les soutenir un jour ou l'autre. Il donne à son groupe un nom. Il en devient l'idéologue, l'inspirateur et la référence surtout lorsqu'il écrit un livre en arabe intitulé «La dualité du discours dans la méthode des mouvements islamistes marocains» et un autre intitulé «Réplique sur le discours du docteur Azzedine Tawfik». Zakaria Miloudi n'oublie pas sa vie privée. Il se remarie et divorce à chaque fois. C'est une tâche facile pour lui, puisqu'il ne se marie plus en contractant un acte de mariage mais sur la base de la Fatiha. Il se remarie en 1994 avec Soumaya, en 1998 avec Rabha et en 2002 avec Fatiha, sans établir d'acte de mariage avec elles et sans inscrire ses enfants dans des livrets de l'état civil. Il exhorte par ailleurs ses adeptes à une participation financière afin de construire une mosquée, au nom du Dieu. Mais il empoche l'argent de la collecte et acquiert, pour lui-même, un lot de terrain à Sidi Bettache. «J'avais l'intention d'y construire mon propre projet et non pas une mosquée», avoue-t-il. Personne ne conteste l'émir du groupe. C'est la raison pour laquelle, tous ses adeptes obtempère lorsqu'il énonce sa Fatwa contre le jeune Fouad Kardoudi, faisant état de le lapider à mort «parce qu'il boit et insulte Dieu». Et effectivement, ils passent à l'acte, ce samedi 23 février 2002. Son groupuscule est actuellement au centre des cinq attentats qui ont frappé, vendredi, Casablanca. Ce qui atteste que leur «émir» ne leur a enseigné qu'un «Faux Chemin».