L'alerte est mondiale. Washington met en garde ses alliés arabes contre l'imminence d'attentats terroristes des réseaux d'Al Qaïda. Le Ramadan est une période propice au déploiement de forces criminelles des affidés de Oussama Ben Laden. La menace est réelle. Le Maroc, ciblé par la mouvance terroriste et déjà victime d'attentats meurtriers, continue de mener la lutte contre l'hydre intégriste. Des informations concordantes font état de menaces sérieuses. L'heure est à la mobilisation. Le combat sera long et difficile. La vigilance doit être totale. Les terroristes de la tentaculaire organisation d'Al-Qaïda ont frappé encore une fois en Arabie Saoudite faisant dix-sept morts et plus d'une centaine de blessés. Le triple attentat perpétré dans la capitale du Royaume arabique Riyad. a eu lieu samedi dans un complexe résidentiel où des coups de feu ont retenti avant d'être suivis par deux explosions successives provoquant des incendies dans plusieurs villas et l'effondrement de plusieurs autres bâtiments. Les autorités saoudiennes ont aussitôt attribué l'attentat au réseau terroriste Al-Qaïda d'Oussama Ben Laden. Ce nouvel attentat rappelle par ailleurs, celui qui a été perpétré le 12 mai dernier dans la même ville. Trois explosions avaient alors eu lieu dans trois complexes résidentiels pour étrangers faisant 35 tués et plusieurs dizaines de blessés. Le même modus operandi a été employé dans ce nouvel attentat ce qui indique, selon le ministère de l'Intérieur saoudien, qu'il s'agit d'une action terroriste d'Al-Qaïda. Rappelons que les autorités saoudiennes avaient été alertées par les Etats-Unis sur l'existence d'indices très forts sur la préparation d'attentats contre le Royaume. Ainsi, Washington avait envoyé, des signaux d'alarme, en annonçant notamment la fermeture de son ambassade à Riyad et en affirmant que des menaces d'attentats étaient passées de la phase de conception à celle de l'exécution. Un membre de la commission du renseignement du Sénat a indiqué dimanche que son instance avait été informée, il y a une semaine environ, qu'un attentat pourrait être imminent. "Et c'est ce qui est arrivé", a-t-il déclaré. D'ailleurs, les autorités américaines multiplient les alertes et affirment que même après la perpétration de l'attentat de samedi, le danger persiste encore. Selon Washington, le risque de nouveaux attentats d'Al-Qaïda existe encore dont une menace qui viserait à prendre le contrôle d'avions cargo pour viser des sites sensibles aux Etats-unis, ou même en Arabie. Au Maroc, les attentats de samedi devraient être à l'origine du déclenchement d'une alerte chez les services de sécurité et à une augmentation de la vigilance. Une réaction tout à fait normale si l'on tient compte du fait que les attentats terroristes qui avaient frappé la capitale économique du Royaume le 16 mai dernier avaient eu lieu quatre jours après ceux qui avaient été perpétrés à Riyad. Outre cette coïncidence chronologique entre les deux attentats, il est à signaler que les deux actes terroristes avaient été perpétrés quelques jours après le lancement par le gouvernement américain d'un appel à la vigilance à destination des pays arabes dont l'Arabie Saoudite et le Maroc. Rappelons aussi que, quelques semaines avant les attentats du 16 mai à Casablanca, des enregistrements audio attribués au dirigeable de l'organisation terroriste d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden et diffusés par des chaînes arabes de télévision par satellite avaient, pour la première fois, désigné le Maroc comme une cible d'attentats terroristes. Les services marocains devraient donc être plus vigilants compte tenu de toutes ces nouvelles données. Une autre donnée est à prendre en considération au moment de justifier l'élévation du degré d'alerte des services de sécurité est le fait qu'au mois de septembre dernier, l'ambassade des Etats-Unis au Maroc avait appelé les citoyens américains en visite au Maroc à la vigilance. Selon une note d'information du département d'Etat américain diffusée le lundi 15 septembre, cet appel est justifié par l'existence de risques d'attentats islamistes. Dans la note que l'ambassade avait remise aux Américains résidant au Maroc, il est signalé qu'il existe des indices sur la détention d'extrémistes suspectés de planifier des attentats ainsi que l'existence de conspirations frustrées. L'ambassade américaine a ainsi invité les ressortissants de ce pays à prendre toutes les précautions nécessaires afin d'éviter toute exposition au risque. Cette note qui n'a pas été largement diffusée constitue un indice fort sur la persistance des risques d'attentats au Maroc et que l'alerte déclenchée suite aux actes terroristes du 16 mai à Casablanca ne devrait aucunement baisser de niveau. Certes, les services de sécurité marocains ont fait des efforts extraordinaires pour mettre la main sur les commanditaires et les exécutants des attentats de Casablanca, et pour démanteler plusieurs cellules de la nébuleuse de la Salafiya Jihadia, mais il faut reconnaître qu'au bout de six mois, il est difficile de continuer avec le même rythme. Car, si les éléments de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et ceux des services de renseignements ont pu maintenir une cadence de travail insupportable pendant plusieurs mois sans relâche, il était attendu que la loi de Finances de l'année 2004 les dote des moyens techniques et des postes budgétaires nécessaires à l'amélioration de leurs conditions de travail ce qui devrait avoir des retombées positives sur le rendement de notre police. Ce qui n'a pas été le cas. Enfin, hausser le niveau d'alerte et de vigilance après les derniers attentats de Riyad. est une réaction normale de la part des services de sécurité. Mais, cette vigilance devrait être aussi l'affaire de tous les citoyens car sans le soutien de tous et la coopération collective on ne peut aspirer à une éradication rapide de tous les foyers de terrorisme et d'intégrisme.