Du désarmement de l'Irak dans l'ensemble, Bagdad a assez bien coopéré, mais il pouvait mieux faire, souligne le rapport soumis au Conseil de sécurité. Les chefs des inspecteurs du désarmement de l'Irak ont dressé devant le Conseil de sécurité un rapport sévère sur l'Irak et exigé plus de temps pour peaufiner leur expertise. Hans Blix estime que Bagdad avait, sur la forme, «dans l'ensemble assez bien coopéré avec les inspecteurs, permettant l'accès à «tous les sites que nous voulions inspecter». «Une décision similaire est nécessaire sur le fond, pour achever le processus de désarmement», a-t-il ajouté, en affirmant que l'Irak avait laissé de nombreuses questions sans réponse, quant à ses programmes d'armement prohibés. Ce rapport est considéré comme capital dans la perspective d'une guerre activement préparée par les Etats-Unis qui devraient disposer, d'ici la mi-février, de quelque 150.000 soldats dans le Golfe. De nombreux membres du Conseil de sécurité y sont farouchement opposés. Après l'audition des chefs du désarmement de l'ONU, qui a duré près d'une heure, les 15 membres du Conseil de sécurité, ainsi MM. Hans Blix et Mohamed Elbaradeï, ont engagé des consultations à huis clos. Elles se poursuivent aujourd'hui, toujours à huis clos. Outre les lacunes déjà signalées, les chefs des inspecteurs onusiens ont révélé de nouveaux éléments, faisant planer le doute sur la nature de l'armement irakien. Ils ont ainsi déclaré que Bagdad a mis au point, testé et fourni à son armée un missile à carburant liquide et un missile à carburant solide. Tous deux ont une portée supérieure aux 150 km autorisés par les Nations unies. En outre, l'Irak a importé 380 moteurs de fusées, des produits chimiques entrant dans la composition de propergol, ainsi que des instruments servant aux essais, au guidage et au contrôle de fusées, tous interdits dans le cadre de l'embargo, sur l'importation d'armes, imposée à l'Irak.Blix et Elbaradeï ont aussi révélé la découverte d'une petite quantité de thiodiglycol, précurseur du gaz moutarde. Les chefs des inspecteurs ont également évoqué les points suivants: BOMBES CHIMIQUES : L'Irak a remis le «document des forces aériennes» qui avait été dérobé à un inspecteur allemand en 1998 au quartier général des forces aériennes. Le document indique que l'Irak n'a pas rendu compte de 6.500 bombes chimiques remplies de 1.000 tonnes d'agents chimiques. ROQUETTES : Les inspecteurs ont récemment découvert, dans un bunker relativement récent, une douzaine de têtes de roquettes chimiques de 122 mm. L'Irak a expliqué qu'elles avaient été oubliées au milieu d'un lot de 2.000 ogives stockées depuis la guerre du Golfe. ANTHRAX : L'Irak a déclaré avoir produit 8.500 litres d'anthrax (bacille du charbon) et les avoir détruits au cours de l'été 1991. SUBSTANCES NUTRITIVES: L'Irak n'a pas déclaré quelque 650 kg de substances nutritives pour agents biologiques recensés par les inspecteurs de l'ONU en 1998 et 1999. Cette quantité de substances nutritives permettrait de produire quelque 5.000 litres d'anthrax concentré. SCUDS : Les inspecteurs ne sont pas certains que l'Irak a déclaré tous ses missiles de type SCUD, après la guerre du Golfe. DOCUMENTS : Il a été découvert récemment au domicile d'un scientifique irakien 3.000 pages de documents, traitant de l'enrichissement de l'uranium. Blix n'a livré aucune analyse de ces documents mais a déclaré qu'ils faisaient craindre que les autorités irakiennes placent délibérément des documents dans des maisons pour «rendre leur découverte difficile». HMK : 32 tonnes de HMK, un explosif qui peut être utilisé comme détonateur de bombes nucléaires, avaient été prélevées dans une zone de stockage placée sous scellés. Sur un autre plan et loin de New York, le III è Forum social mondial, grand rassemblement des contestataires de la mondialisation, s'est achevé avec une marche contre la guerre en Irak.