Les chefs des inspecteurs de l'ONU chargés du désarmement de l'Irak ont présenté au Conseil de sécurité un bilan de deux mois d'investigations. Hans Blix et Mohamed El Baradeï, les chefs des experts onusiens chargés du désarmement de l'Irak, ont présenté hier le bilan de deux mois d'inspections devant le Conseil de sécurité des Nations unies, très divisé face aux menaces de guerre proférées par les Etats-Unis. Ce rapport était expressément prévu par la résolution 1441 du Conseil. Sa présentation a eu lieu en séance publique, à la demande du Groupe des Non-alignés. Les principales radios et télévisions du monde ont diffusé en direct cette séance consacrée exclusivement à la lecture du sommaire du rapport. Les 15 membres du Conseil de sécurité devaient ensuite se réunir à huis clos, avec les chefs des inspecteurs onusiens. Ces derniers devaient réaffirmer que Bagdad coopère, mais pas de manière assez active. On s'attendait aussi à ce qu'ils regrettent l'impossibilité de s'entretenir en privé avec des scientifiques irakiens et qu'ils déplorent les conditions mises par l'Irak au survol d'avions américains de reconnaissance. Mais, ils devaient surtout exiger du temps. La grande majorité des membres du Conseil de sécurité, y compris la Grande-Bretagne, fidèle allié des Etats-Unis, partagent cette exigence. Ainsi, le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin a affirmé que le travail des inspecteurs de l'ONU pourrait durer «plusieurs semaines, voire quelques mois». Interrogé sur la possibilité d'un veto français au Conseil de sécurité, M. de Villepin a réaffirmé qu'il était» important que la France garde sa liberté d'appréciation en fonction des circonstances». Évoquant une guerre, il a dit craindre que cette «solution soit pire que le mal». Même discours à Moscou: Les inspecteurs en désarmement ont besoin de plus de temps, a répété hier le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. «Seules les inspections peuvent permettre de répondre à la question de la communauté internationale, à savoir si l'Irak a-t-il des armes de destruction massive ? C'est pour cela que nous considérons que les inspecteurs doivent poursuivre leur travail en Irak», a déclaré M. Alexandre Iakovenko. Le rapport dressé par les inspecteurs de l'ONU «a un caractère intermédiaire. Il n'y a besoin d'aucune décision complémentaire pour que le travail se poursuive», a-t-il ajouté. Les Etats-Unis tiennent une tout autre logique et continuent de menacer de recourir à brève échéance à la force contre Baghdad qu'ils accusent de continuer à dissimuler des armes de destruction massive et de liens avec le réseau terroriste Al-Qaïda. «Saddam Hussein doit révéler l'existence de ses armes aux termes de la résolution 1441 des Nations unies et s'il ne le fait pas, la seule option est le recours à la force », a réaffirmé Andrew Card, le secrétaire général de la Maison-Blanche sur le fait que «le temps était compté». Il se faisait l'écho de Colin Powell, secrétaire d'Etat américain qui estime que la situation actuelle avec l'Irak ne devait plus durer. Il est toutefois probable que les Etats-Unis accepteront de temporiser pour se plier à la volonté de la majorité écrasante des membres des Nations unies. Mais M. Card continue de répéter «qu'il y a peu de chance que Saddam Hussein se plie aux demandes de la communauté internationale», au vu de son comportement passé. «Si l'on attendait que les inspecteurs découvrent en Irak tout ce que l'ONU sait qu'il possède déjà, il faudrait 290 ans pour qu'ils trouvent tous ces armes», a-t-il ironisé. Les sondages récents révèlent qu'une majorité d'Américains est défavorable à une frappe contre l'Irak sans l'engagement d'une coalition internationale mandatée par l'ONU. Dans la logique de guerre, les Etats-Unis vont offrir quatre milliards de dollars à la Turquie afin de compenser l'impact du conflit sur son économie et pour utiliser ses bases militaires. Cette offre aurait été jugée insuffisante par le gouvernement turc.